Grenoble : ils agressent un médecin

Un médecin de l'hôpital Michallon de Grenoble a été agressé dimanche par trois proches d'une de ses patientes.
Un médecin de l'hôpital Michallon de Grenoble a été agressé dimanche par trois proches d'une de ses patientes. © MAXPPP
  • Copié
Marion Sauveur, Alain Acco et milie Nora , modifié à
Trois proches d'une patiente ont frappé un médecin. La direction a condamné cette "violence".

Un médecin de l'hôpital Michallon, à Grenoble, a été violemment pris à partie dimanche en fin de journée. Quatre à six ont pénétré dans l'enceinte du CHU pour s'en prendre à l'urgentiste. Selon les informations d'Europe 1, ils l'ont agressé verbalement et physiquement, lui assénant plusieurs coups de poing et des coups de téléphone.

Deux jours d'ITT pour le médecin

Le docteur souffre d'un traumatisme crânien et d'un déficit temporaire de l'audition. Choqué, il fait l'objet de deux jours d'incapacité temporaire totale. Selon les informations du Dauphiné Libéré, trois autres membres du personnel, qui auraient tenté de s'interposer lors de l'agression, auraient aussi été blessés.

Pourquoi cette agression ? Selon les premiers éléments de l'enquête, les trois assaillants sont des proches d'une femme qui avait été hospitalisée en psychiatrie dimanche après-midi, à la demande de sa famille. Ils auraient reproché au médecin d'avoir placé cette femme dans une chambre aveugle, c'est-à-dire sans ouverture.

Le CHU condamne l'agression

La direction de l'hôpital a salué "le sang froid et le professionnalisme des médecins et agents (...) et en particulier des médecins et personnels blessés qui ont évité, par leur courage, que cette agression n'ait de plus graves conséquences". Elle a également condamné "avec la plus grande fermeté cette agression, et déplore "qu'un tel déferlement de violence puisse avoir lieu".

Le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, a quant à lui jugé "scandaleuse" cette agression. "Nous sommes très en colère et solidaires", a-t-il insisté. Il n'explique pas cet acte de violence. Pour lui, c'est la "société qui est devenue de plus en plus violente. Et les services des urgences ne sont pas épargnés par cela. Il y a un problème national", a-t-il jugé.

Même son de cloche du côté de Françoise Carpentier, chef de service des urgences de Grenoble, qui ne comprend pas ce déferlement de violence. "On connaît l'agressivité dans les services d'urgence, mais là, c'est quelque chose qui nous est tombé sur la tête", commente-t-elle au micro d'Europe 1.

La sécurité dans les hôpitaux pointée du doigt

Patrick Pelloux a déploré également que la violence atteigne les hôpitaux. "Je ne peux pas accepter que les personnels aillent travailler la peur au ventre", a-t-il expliqué rappelant qu'en 2011, 14.000 agressions physiques et verbales avaient été comptabilisées dans les hôpitaux, soit 25% de plus qu'en 2010.

Une inquiétude partagée par Christophe Jacquinet directeur général de l'agence régional de santé Rhône-Alpes. "S'en prendre à des personnels, à des soignants, à des médecins, qui réalisent leur activité avec dévouement et beaucoup de disponibilité, on est dans une situation qui est intolérable", déplore-t-il interrogé par Europe 1.

Le personnel soignant insiste donc sur la nécessité de sécuriser davantage les hôpitaux. "Actuellement nous avons un bouton rouge sur lequel on peut appuyer pour alerter les forces de police. Il faudra probablement augmenter la présence de ces dispositifs d'appel de même que les caméras de vidéo-protection qu'on a commencé à installer pour répondre à ces situations de violence", estime Jean-Paul Brion, vice-président de la commission médicale.