Gendarmes harceleurs : six et huit mois de sursis, une interdiction d'exercer

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Un adjudant et un maréchal des logis d'une caserne de l'Yonne ont été condamné mardi pour harcèlement sexuel aggravé sur l'une de leurs subordonnées. © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP , modifié à
Deux gendarmes ont été condamnés mardi à des peines de prison avec sursis, et pour l'un deux, à une interdiction d'exercer, pour avoir harcelé une jeune collègue, entre octobre 2012 et novembre 2013.

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi deux gendarmes à des peines de prison avec sursis pour avoir harcelé une jeune collègue, avec en plus, pour l'un d'eux, une interdiction définitive d'exercer.

Peines. L'adjudant Julien G., le plus gradé, a écopé de la peine la plus lourde, huit mois avec sursis, et 2.500 euros de dommages et intérêts, mais sans interdiction d'exercer, alors que le parquet en avait requis une, de cinq ans. Le maréchal des logis chef Ludovic F. a lui été condamné à six mois de prison avec sursis et 1.500 euros de dommages et intérêts. Comme le demandait la procureure, qui avait souligné son "habitude ancienne" de tenir des propos "particulièrement grossiers" aux femmes, il a aussi écopé d'une interdiction définitive d'exercer. Pour ce qui concerne les peines, le tribunal n'a pas suivi le parquet, qui avait demandé un an avec sursis, sans faire la différence entre les deux hommes.

"Le silence, c'est terminé". L'avocate de la victime, la jeune Marie (son prénom a été modifié, ndlr), s'est malgré tout dite "très satisfaite" mardi. "Aujourd'hui dans la 'Grande muette', le silence, c'est terminé, la parole est libérée", a dit Élodie Maumont, lançant : "Quel combat, quel combat long et douloureux."

"Fais-moi une pipe". Marie avait à l'audience accablé ces deux gradés de la brigade de Joigny, sur les bords de l'Yonne, où elle a travaillé d'octobre 2012 à novembre 2013. "Ça te dit un plan à trois ?" dans une voiture de patrouille aux sièges tachés de sperme ; "Fais-moi une pipe" ; "Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire". Sans compter des "gémissements" sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque... "C'était normal, c'était habituel", avait-elle dit. Elle travaille désormais en région parisienne.

Procédure interne toujours en cours. Jacques Bessy, président de l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), partie civile, a lui parlé de peines "exemplaires", et d'un "message très clair aux harceleurs qui servent dans l'armée." Tous deux se sont étonnés du fait qu'aucune interdiction d'exercer n'ait été prononcée contre le plus gradé des gendarmes, mais rappelé que la procédure disciplinaire interne n'était pas terminée.

Les femmes doivent "s'abstenir de faire référence à leur féminité" au travail. L'avocate de Ludovic F., Véronique Costamagna, a estimé qu'il y avait dans la gendarmerie un "apprentissage (à faire) des deux côtés", hommes et femmes, ces dernières devant selon elle "s'abstenir de faire référence à leur féminité" au travail.