Fusillade d'Istres : le suspect écroué

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et Yann Terrou avec AFP , modifié à
L'auteur présumé de la fusillade, passionné d'armes, aurait agi seul et "sans conviction".

Les dernières infos. L'auteur présumé de la fusillade qui a fait trois morts, jeudi, à Istres, dans les Bouches-du-Rhône a été mis en examen et écroué samedi. Il est poursuivi pour assassinats et tentative d'assassinat, sur une 4e personne qui, jeudi, avait été légèrement blessée, a précisé lors d'une conférence de presse le procureur-adjoint Denis Vanbremeersch. "L'intéressé n'apporte pas d'explication, il soutient n'avoir aucune conviction politique et religieuse", a ajouté le magistrat.

Le suspect aurait agi seul. Un Parisien de 24 ans, dont le tireur avait donné le nom au moment de son interpellation, a été relâché, samedi, aucun élément n'ayant été retenu contre lui. "Il est établi que l'un et l'autre, adeptes de jeux vidéo en ligne, communiquaient régulièrement, au téléphone ou par Skype, et ce depuis cinq ans. Depuis quelques mois, l'intéressé se serait ouvert à cet ami parisien de son projet criminel. Celui-ci n'aurait pas pris ses déclarations au sérieux et assure l'avoir mis en garde", a déclaré le magistrat.

Son profil se précise. Selon les premiers éléments, ce lycéen est un passionné d'armes et c'est sur Internet qu'il exprimait cette adoration et se procurait armes et munitions. "Il était spécialisé dans la remise en état des armes à feu et était titulaire d'une licence de tir sportif", a renseigné Denis Vanbremeersch samedi. Il avait même été condamné, l'an dernier, à cinq mois de prison pour port d'armes. Une peine qu'il effectuait chez lui avec un bracelet électronique. Le procureur a également précisé qu'il n'a été "nullement établi que le garçon ait fait l'objet, par le passé, de soins psychiatriques".

>>> Pour en savoir plus, le journaliste Yann Terrou est allé pour Europe 1 à la rencontre du voisinage de ce jeune homme et réservé qu'il ne voyait presque jamais. Reportage :

"Il est spécial". Dans cette petite cité à l'apparence très tranquille, tout le monde parle de Karl comme un garçon très mystérieux, voire inquiétant pour certains. Il sortait en effet très peu et quand il croisait ses voisins, c'était pour leur parler de ses deux passions : les armes et les jeux vidéo, auxquels il consacrait le plus clair de son temps.

>> A lire - Istres : le suspect, un passionné d'armes

Il y a déjà plusieurs années, le fils de Chantal côtoyait Karl de temps en temps. "Mon fils, quand il jouait avec lui en bas, il avait à l'époque 12 ans, et il me disait : 'maman, il est spécial, il me fait toujours mal'. Il était brusque avec mon fils. Une fois, je suis intervenue pour lui dire qu'il était méchant. Il est parti. C'est vrai qu'il avait un comportement louche, déjà en étant plus jeune", commente cette mère de famille au micro d'Europe 1.

Sa passion pour les armes connue de tous. Des armes, Karl s'en était procuré plusieurs et depuis longtemps. C'est sur Internet qu'il exprimait sa passion et se fournissait. De forum en forum, il serait même devenu suffisamment expert pour être capable de remilitariser lui-même une kalachnikov qui avait été neutralisée. D'après le parquet d'Aix-en-Provence, il était même sous contrôle judiciaire depuis l'an dernier, justement pour une affaire de possession d'armes.

Sa passion était donc de notoriété publique dans la cité, comme le confirme un jeune habitant. "Il y avait des armes chez lui qu'il n'avait pas le droit d'avoir. La police est venue chez lui et après il n'y a plus rien eu. Tout le monde le savait", confie-t-il sur Europe 1. Tout au long de la matinée, les policiers ont multiplié les allées et venues dans la tour où vit Karl avec son père. Et des voisins ont de nouveau été entendus. Pour l'heure, le jeune homme n'a pas expliqué son geste meurtrier devant les enquêteurs.