Fusillade : "à Marseille, on tue pour rien"

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avec Nathalie Chevance, à Marseille
RÉACTIONS - Deux jeunes de cette cité familiale sont morts en plein jour. Les habitants sont sous le choc.

EXPÉDITION MEURTRIÈRE. Deux jeunes ont été tués et un troisième grièvement blessés mercredi en plein jour, au cœur d'une cité du nord de Marseille, sous les yeux de nombreux témoins. Le procureur de Marseille parle d'une exécution "d'une grande sauvagerie" pour ce qui est le troisième règlement de comptes en moins de quinze jours dans la ville. De fait, les habitants de  la cité des Bleuets, où s'est produit le drame, ont assisté à une véritable expédition meurtrière.

Course-poursuite dans la cité. Peu après 10h30, deux à trois tueurs sont arrivés à bord d'une voiture. Les visages masqués, équipés d'armes de poing et d'armes longues dont, sans doute, une Kalachnikov, ils ont ouvert le feu sur un groupe de jeunes stationnés aux pieds des blocs d'immeubles. Dans la panique, les victimes ont alors tenté de s'échapper et une course-poursuite s'est engagée. Deux hommes ont été mortellement touchés et un troisième, grièvement blessé, s'est écroulé un peu plus loin dans la cité.

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Sous le choc, les habitants en colère. La scène, d'une rare violence, s'est déroulée devant des mères et leurs enfants qui sont sous le choc et en colère. "Le mercredi matin on a des enfants qui ne vont pas à l'école", explique l'une d'elles au micro d'Europe 1. "Ils étaient dehors en train de jouer au foot et quand on a entendu les rafales on ne savait pas d'où cela venait", poursuit la mère de famille avant d'ajouter, dépité, "à Marseille, on tue pour rien". "Ils tuent des grands et pour nous c'est traumatisant", explique un enfant qui assure avoir "peur" et regarder "partout en sortant du bloc".  

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Il faut dire que la fusillade s'est déroulée à deux pas d'un petit centre commercial, au moment où des familles faisaient leur course. Le maire socialiste du secteur, Garo Hovsepian, a du mal à contenir son émotion au micro d'Europe 1 : "Il y en assez, je suis catastrophé", confie-t-il au micro d'Europe 1 parlant d'un "culot monstre" pour commettre un tel acte en plein jour. "J'en suis malade, c'est de la folie. C'est hallucinant. Ce que l'on vit est surréaliste", poursuit-il.

Briser la loi du silence. Les trois victimes étaient connues pour des petits trafics. Des profils qui ne justifient pas un tel déchaînement de violence. Pour que l'enquête avance plus vite, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, lance un appel aux habitants de la cité pour qu'ils témoignent. "Si l'on savait le centième de ce que les gens savent ici, je crois que l'on multiplierait les interpellations", a estimé le préfet au micro d'Europe 1 . "J'aimerais qu'il y ait des manifestations pour dire 'ça suffit', parce qu'ici chacun connait chacun et tout le monde connait tout le monde". En attendant que la loi du silence se brise, les enquêteurs cherchent désormais à savoir s'il existe un lien entre les trois règlements de compte des derniers jours.