Forcené abattu en Isère : "les policiers pensent qu'ils ont agi de manière professionnelle", assure leur avocat

commissariat hôtel de police Grenoble Isère
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G.S. avec Salomé Legrand , modifié à
Arnaud Levy Soussan, avocat au barreau de Grenoble, s'occupe de la défense des cinq policiers qui ont abattu un homme de 51 ans vendredi soir à Échirolles.
INTERVIEW

"Ils sont soulagés mais aussi extrêmement affectés. Il n'est pas anodin pour un policier d'utiliser son arme. Même dans le cas d'une légitime défense, ce n'est pas facile à vivre d'enlever la vie d'une personne". Arnaud Levy Soussan, avocat au barreau de Grenoble, s'occupe de la défense des cinq policiers qui ont abattu un homme de 51 ans vendredi soir à Echirolles, en Isère. Interrogé par Europe 1, il donne la version des policiers sur cet événement, alors que la famille du quinquagénaire soupçonne une bavure.

"Ils pensent tous les cinq qu'ils ont agi de manière professionnelle et qu'ils ont répondu aux formations dont ils ont bénéficié lorsqu'ils ont appris à être policier. Ils avaient le sentiment de protéger leur intégrité et de protéger l'intégrité de leurs collègues", assure l'avocat. Sur le descriptif des faits, Arnaud Levy Soussan donne la même version que celle livrée par le parquet quelques heures plus tôt. "Les policiers ont décrit tous les cinq de façon précise et très concordante les circonstances de l'intervention", assure l'avocat.

Entendu sur europe1 :
Ils se sont tous retrouvés en situation de danger

"Au départ, ils sont appelés par le voisin d'une personne qui dit que cette personne l'a menacé avec une arme de poing. Sur place, ils se sont équipés en conséquence car ils s'attendaient à voir une personne armée. Ils tombent alors sur un individu qui les menace avec une arme blanche. C'est dans cette circonstance que les armes des policiers vont être braquées sur l'individu. Plutôt que de poser simplement son arme blanche, cet individu va avoir cette initiative de poser son arme blanche mais de prendre, de manière assez inexplicable, une arme de poing qu'il a dans sa poche et de la braquer vers les policiers", raconte le conseiller. "C'est dans cette circonstance là que les cinq policiers, dans le même temps, ont utilisé leurs armes (l'un d'eux avait un Taser, un autre avait un fusil d'assaut et les autres un pistolet automatique, ndlr). Cette intervention a malheureusement causé le décès de la victime. Les policiers ont essayé de la réanimer, en vain. Ils se sont tous retrouvés en situation de danger, et donc en situation de légitime défense", détaille-t-il encore.

Les cinq policiers ont été placés en garde à vue vendredi soir, avant d'être relâchés samedi vers 14h. "On a entendu le témoignage des policiers. L'enquête en flagrance pour homicide volontaire va se poursuivre pour déterminer s'il y a légitime défense", a déclaré le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, qui a saisi l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) et la police judiciaire. Outre l'autopsie, des "expertises balistiques" et "toxicologiques" sur la victime vont également être réalisées et "il faut attendre les résultats de l'enquête d'ici quelques semaines", a ajouté Jean-Yves Coquillat.

Entendu sur europe1 :
Il est certain que le protocole a été respecté

Les enquêteurs devront notamment déterminer si la victime était en état d'ivresse au moment des faits. Selon leur avocat, les cinq policiers dénoncent un "comportement irrationnel" du quinquagénaire. "Il ne semble en effet pas très rationnel d'être dans la surenchère en prenant une arme et en la pointant devant des fonctionnaires de police, lorsqu'on est soi-même braqué", insiste Arnaud Levy Soussan. L'arme brandie par le quinquagénaire a justement été retrouvée. Il s'agit d'un "pistolet d'alarme avec un petit canon peu visible", qui a été expédiée pour expertise à la police scientifique, a indiqué le parquet. En clair, il s'agissait d'une arme de dissuasion, incapable de tuer.

"Les policiers ne sont pas censés, à ce stade-là, faire la différence entre une vraie arme et une fausse arme. Ils ont identifié qu'ils étaient braqués par une arme de poing, par une personne qui avait clairement identifié qu'il s'agissait de policiers et qui avait décidé de braquer une arme sur eux", martèle l'avocat. "On est dans le cas d'école de la légitime défense : un péril imminent et une réponse proportionnée. Manifestement, la question de poursuivre les fonctionnaires ne se pose plus. Sauf éléments complémentaires. La légitime défense est un fait justificatif qui permet d'échapper à la responsabilité pénale", argumente encore Arnaud Levy Soussan.

L'avocat a, enfin, donné quelques indications sur le profil des cinq policiers. "Ils n'ont pas tous la même ancienneté. Certains sont plus expérimentés que d'autres. Pour certain, c'était la première fois qu'ils utilisaient leur arme de service", détaille l'avocat. Et de conclure : "le protocole doit être respecté lors de l'utilisation d'une arme. Et là, il est certain que le protocole a été respecté".