Fiona : qu'ont donné les dernières recherches ?

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
ENQUÊTE - Un an après la disparition de Fiona, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf n'ont pas été capables de retrouver le lieu où la fillette aurait été enterrée.

Nouvelles fouilles, nouvel espoir déçu. Un an après la "disparition" de Fiona dans un parc de Clermont-Ferrand, de nouvelles recherches étaient organisées mardi, pour tenter de retrouver le corps de la fillette de 5 ans. Ces investigations de la dernière chance, se sont déroulées en la présence de la mère et du beau-père de l'enfant, dont ils ont avoué la mort. Tous deux ont été transférés en deux temps aux abords du lac d'Aydat, sur les lieux à une vingtaine de kilomètres au sud de Clermont-Ferrand. C'est ici que ce couple de toxicomanes affirme avoir enterré la fillette, nue, en lisière de forêt, le 12 mai 2013, date de l'annonce de sa disparition. Mais mardi soir, le corps de l'enfant restait introuvable. 

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Berkane Makhlouf marque plusieurs endroits. En survêtement noir, le beau-père de la fillette, Berkane Maklouf, 33 ans, a été amené sur les lieux peu après 10 heures dans un fourgon cellulaire. Lors des recherches, le cortège constitué de véhicules de police, a fait sept haltes, à proximité de chemins de terre, dans des sous-bois, à côté d'un lavoir. Autant de lieux dont la morphologie se rapproche des indications données par Cécile Bourgeon aux enquêteurs au tout début de l'enquête. "A partir de l'itinéraire préparé par les enquêteurs, Makhlouf a marqué deux ou trois endroits précis qui pouvaient correspondre et avaient une similitude" avec ses souvenirs "mais sans être précis", a indiqué Me Mohamed Khanifar. "Chaque fois, on s'est heurté aux limites de ses souvenirs et il aimerait bien avoir confirmation de sa compagne pour savoir si elle est en capacité de confirmer son sentiment", a poursuivi l'avocat soulignant que son client avait montré une "volonté de coopération".

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La mère de Fiona sur place mais en vain. Peu après 15 heures, la mère de Fiona, Cécile Bourgeon, 26 ans, vêtue de sombre et menottée, a été transportée à son tour sur les lieux au côté de son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, tandis que les nombreux médias étaient tenus à distance. Selon les aveux du couple, c'est la mère qui conduisait lorsqu'ils se sont rendus en lisière de forêt pour ensevelir Fiona. Les enquêteurs devaient "refaire le même itinéraire" que celui emprunté dans la matinée avec Berkane Makhlouf. La jeune femme n'a cependant reconnu aucun lieu, même si un arrêt a été plus long que les autres. Pendant une demie heure à trois quarts d'heure, elle a emprunté un chemin en côte, à la sortie d'un hameau, accompagnée de son avocat et des juges d'instruction. Le lieu semblait se rappeler à ses souvenirs. Finalement rien, le cortège a rebroussé chemin et les juges ont décidé de mettre un terme à ces recherches vers 18 heures, sans que le corps ne soit retrouvé.

Quatre lieux possibles. Jusqu'à présent toutes les tentatives des enquêteurs sont restées vaines, malgré la présence sur place du couple, à trois reprises pour Cécile Bourgeon et deux fois pour Berkane Makhlouf. Tous deux, sans doute sous l'emprise de la drogue au moment des faits, se sont contentés de lâcher quelques bribes de souvenirs et des "flashes". A partir de ces indications, les enquêteurs ont fait, durant deux mois, cet hiver, des reconnaissances en hélicoptère. Après quoi, ils ont défini trois ou quatre lieux possibles, qu'ils lui ont montré mardi après-midi. Le patron de la police judiciaire de Clermont-Ferrand, François Bernard, qui assiste aux recherches, avait toutefois reconnu qu'il y avait "très de peu de chance qu'on retrouve le corps".

C'est en larmes que la mère de Fiona, la petite fille disparue, avait demandé de l'aide à tous les Clermontois.

Un corps qui n'aurait finalement pas été enterré ? Et après ces nouvelles recherches infructueuses, il n'y a plus de raison de s'acharner à retrouver le corps, qui pourrait, en réalité, ne pas se trouver aux abords du lac d'Aydat. S'ils n'osent pas le dire publiquement, les juges d'instruction ont toujours eu des doutes sur la réalité de l'enterrement de la fillette. Et l'incapacité du couple à retrouver le lieu renforce les doutes. La découverte du corps de Fiona était pourtant capitale pour la suite de l'enquête, car l'autopsie permettrait de déterminer les circonstances de sa mort, alors que les versions de la mère et de son concubin divergent.

Vers un procès "sans corps". Le procès à venir sera donc un procès sans corps, comme le redoute Me Mohamed Khanifar, l'avocat de Berkane Makhlouf. "Un procès sans corps sera très compliqué. Je ne veux pas que l'injustice s'invite à ce procès, ou que l'on veuille sanctionner ce couple, qui malgré tout, me semble assez sincère dans leur volonté de retrouver ce corps", estime le conseil du beau-père de la fillette. Les juges attendent désormais les expertises psychologiques et psychiatriques des deux accusés. Ils boucleront ensuite l'instruction et renverront l'affaire devant la cour d'assises du Puy-de-Dôme pour un procès qui devrait avoir lieu dans un an.

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