Fiona : comment les enquêteurs ont démasqué les parents ?

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Comportement inhabituel du couple, écoutes téléphoniques… plusieurs éléments ont mis la puce à l'oreille des enquêteurs.

Comment les policiers enquêtant sur la disparition de Fiona en sont venus à suspecter Cécile Bourgeon et Berkane Maklouf ? La question est posée après le coup de théâtre de mercredi. Placée en garde à vue, Cécile Bourgeon a reconnu la mort accidentelle de sa fille sous les coups de son beau-père. Pour protéger ce dernier, elle s'était jusqu'à alors fourvoyée dans la spirale du mensonge.

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"Pas de raison de mettre en cause la parole de la mère". A première vue, il était pourtant difficile de soupçonner Cécile Bourgeon. C'est en effet elle, qui, le 12 mai dernier, a signalé la disparition de sa fille aux policiers. A l'époque, Cécile Bourgeon déclare avoir perdu toute trace de sa fille Fiona, alors qu'elle se trouvait dans le parc de Montjuzet, sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. Le scénario, pourtant monté de toute pièce avec son compagnon, est alors jugé crédible par les enquêteurs qui doivent de toute manière donner priorité à ses déclarations. Le procureur de la République de Clermont-Ferrand déclare d'ailleurs le lendemain du signalement qu'"il n'y a pas de raison de mettre en cause la parole de la mère". Le même jour, une information judiciaire est ouverte pour "enlèvement et séquestration". Le 15 mai, une alerte enlèvement est déclenchée pour retrouver la trace de la fillette, âgée de 5 ans. Pour autant, l’attitude et l'environnement de la mère restent scrutés par les enquêteurs.

Le comportement inhabituel de la mère. Dès le départ, les enquêteurs sont déjà interpellés par le profil du couple. Ils se concentrent en effet sur deux pistes. Vérifiant l'hypothèse "d'un prédateur", ils envisagent également très vite la "piste familiale". D'autant plus que le couple ne se montre pas très cohérent lors de ses différents interrogatoires, comme le rapporte un article de La Montagne. Des riverains témoignent également du comportement inhabituel de la mère de famille. Le 11 mai, Cécile Bourgeon a été vue visiblement perturbée, comme paniquée, roulant vite et de façon imprudente aux abords de son immeuble.

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Le couple placé sur écoute. Les enquêteurs sont aussi intrigués par "les conduites à risque" du couple, qui partait consommer de la drogue en emmenant Fiona et sa soeur de deux ans. Et par leurs recherches sur Internet, liées à des disparitions d'enfants. Rapidement, la famille de Fiona et tous ses proches sont donc placés sur écoute téléphonique. Les doutes sur la culpabilité du couple commencent alors à s'épaissir, si bien que les enquêteurs envisagent d'interpeller Cécile Bourgeon et Berkane Maklouf, et ce dès le mois de juin. Mais la mère de famille est enceinte de sept mois et les enquêteurs préfèrent donc attendre son accouchement, prévu fin août.  Autre raison qui peut expliquer cette période de latence, le traumatisme laissé dans la région par l'affaire de la disparition du petit Antoine, survenue en septembre 2008 à Issoire. A l'époque, sous la pression des magistrats, les gendarmes avait dû placer très rapidement les deux parents en garde à vue. Malgré leurs soupçons le enquêteurs n'ont jamais eu assez d'éléments pour prouver leur culpabilité. Aujourd'hui la mère d'Antoine est libre et son père est incarcéré dans un tout autre dossier. Ils n'ont jamais été mis en cause.

Des modes d'audition similaire à ceux de l'affaire Typhaine. L'interpellation a finalement lieu le 24 septembre. Et pour faire avouer les faits au couple les enquêteurs reprennent des techniques employées lors des auditions d'Anne-Sophie Faucheur et Nicolas Willot, la mère et le beau-père de Typhaine, condamnés à 30 ans de prison ferme pour la mort de la fillette. Agée de 5 ans également, Typhaine avait été retrouvée en 2009 dans un bois, en Belgique, après les aveux du couple. Un scénario qui rappelle clairement le sort funèbre de Fiona. Les enquêteurs ont ainsi bénéficié de la vison plus globale de psycho-criminologues de l'Office central pour la répression des violences faites aux personnes (OCRVP), une plateforme mixte gendarmes-policiers basée à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Un renfort d'autant plus déterminant que la mère et le beau-père de Fiona, évoluant dans le milieu toxicomane, avait un mode de fonctionnement hors des normes classiques et analyser l'emprise de Berkane Maklouf sur Cécile Bourgeon.

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