Faux prophète, vrai violeur ?

© MAXPPP
  • Copié
Europe1.fr (avec agences)
Robert Le Dinh, qui dirigeait une communauté dans l’Ariège, est accusé de plusieurs viols.

 

Robert Le Dinh a dispensé pendant des années des enseignements spirituels quotidiens à une vingtaine de personnes. S’est-il contenté du seul enseignement spirituel ? Ce sera aux assises de l'Ariège, à Foix, d’en décider, elle qui va juger à partir de vendredi cet homme de 51 ans, accusé de viols sur personnes vulnérables et agressions sexuelles sur mineures.

 

Surnommé Tang, cet homme qui se défend d'être le gourou d'une secte, a d’abord dirigé une communauté dans le Lot-et-Garonne, puis à partir de 2005 à Bonac-Irazein dans l'Ariège. Fils d'une mère française catholique et d'un père d'origine vietnamienne bouddhiste, il dit avoir reçu en 1982 une révélation du Christ lui demandant de venir en aide aux défavorisés.

 

Depuis, Tang organisait des conférences et débattait avec les membres de la communauté des prophéties qu'il recevait. Mais son enseignement aurait dérapé et abouti sur de nombreuses relations sexuelles, dont certaines non consentis et sur des mineurs.

 

Une relation pour éviter la "loi du retour"

 

L'affaire avait éclaté en avril 2007 lorsqu'un couple d'anciens adeptes, Dominique et Isabelle Lorenzato, un douanier et une greffière, avaient dénoncé aux gendarmes l'existence de ce qu'ils décrivaient comme une secte et les pratiques de son chef. Six autres parties civiles les ont ensuite rejoints.

 

Celles-ci affirment que l'accusé se présentait comme porteur d'une mission divine et imposait aux femmes des rapports sexuels qu'elles acceptaient par peur de ce qu'il appelait la "loi du retour" : des malheurs pour elles ou leurs proches en cas de désobéissance.

 

Deux filles d'adeptes l’accusent

 

Son ascendant était tel qu'il conseillait les adeptes dans leur carrière ou constituait les couples, rapportent des témoins. Pour les parties civiles, Tang inspirait une crainte et une déférence telles qu'elles n'avaient d'autre choix que d'accepter des relations sexuelles.

 

Parmi les parties civiles figurent deux filles d'adeptes, qui l'accusent d'attouchements alors qu'elles étaient mineures. Tang dément formellement et concède au plus un baiser dans un élan d'euphorie réciproque.

 

Les attributs d’une secte

 

Tang, condamné à deux ans et demi de prison en 1984 notamment pour extorsion de fonds, est aussi accusé d'avoir fait financer son train de vie par les membres du groupe. Entre 2005 et 2007, environ 150.000 euros auraient été versés sur les comptes de l'accusé, qui aurait également perçu près de 80.000 euros en chèques tout en déclarant comme revenus imposables pour 2005 et 2006 environ 8.000 euros.

"Il ne s'agit absolument pas d'une secte" mais d'un "groupe à caractéristique religieuse, aux pratiques légères et libres", dont les membres "ont bénéficié d'un enrichissement personnel et matériel", a répliqué Pierre Le Bonjour. L’avocat de Robert Le Dinh va donc logiquement plaider l’acquittement. Le verdict est attendu le 18 septembre.