Faut-il en finir avec les boîtes noires ?

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avec Guillaume Biet
INTERVIEW E1 - Pour l'un des concepteurs de la boîte noire, Pierre Jeanniot, ces systèmes d’enregistrement de vol, conçus il y a 40 ans, sont dépassés.

"Les boites noires, que j'ai en partie conceptualisé il y a 40 ans, ne sont plus aussi efficaces que ce qu'elles étaient." La phrase est signée Pierre Jeanniot, un mécanicien d'origine, qui a joué un rôle de premier plan dans le développement des premiers systèmes d’enregistrement de vol. Et cet aveu intervient alors que l'une des boîtes noires de l'avion d'Air Algérie, qui s'est écrasé au Mali, ne pourra pas être exploitée par les enquêteurs, en raison d'une défaillance. Après les récentes catastrophes aériennes, l'utilité de ces fameux enregistreurs de vols est remise en cause. Les compagnies aériennes doivent-elles laisser la place à des technologies plus récentes ?

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"Cette technologie est obsolète". Pour Pierre Jeanniot, qui a présidé l'association du transport aérien international, les boîtes noires telles qu'elles ont été conçues il y a 40 ans sont dépassées. "Cette technologie est obsolète, parce qu'aujourd'hui, on peut envoyer, en temps réel, les informations par satellite à terre. Donc on n'aurait théoriquement plus besoin de rechercher une boîte noire quand l'accident se produit", réagit ce mécanicien de formation, qui vit aujourd'hui à Montréal, au Canada.

"On devrait savoir où l'appareil se trouve". Selon ce spécialiste, il faudrait mieux renforcer les échanges avec les services aériens au sol et améliorer le suivi de la trajectoire des avions, en temps réel. "La première chose qui serait judicieuse de faire, ce serait de s'assurer qu'on puisse au moins localiser l'appareil. On devrait au minimum savoir où l'appareil se trouve. Ensuite, la deuxième chose, ce serait de commencer à installer des systèmes qui ne seraient plus basés uniquement sur le stockage des données, mais qui permettraient l'envoi de ces données là, en cas d'anomalies, par satellite, à un centre de contrôle à terre", estime le spécialiste.

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"Il n'y a pas de nécessité". Mais, selon-lui, ce genre de mesures s'avèrent trop coûteuses pour être mises en place. "Il n'y a pas de nécessité, car les accidents, s'ils sont spectaculaires, sont peu fréquents. Et les nouveaux systèmes coûteraient 50 à 70.000 dollars par appareil. Alors, pour les lignes aériennes qui ont 200 ou 300 avions, ça représente un coût très conséquent", conclut-il.