Fausse alerte à Paris : deux adolescents de 16 et 14 ans mis en examen et placés en foyer

© PHILIPPE LOPEZ / AFP
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avec AFP , modifié à
Les deux adolescents de 16 et 14 ans sont soupçonnés d'avoir provoqué la fausse alerte à la bombe à Paris samedi dernier.

Deux adolescents de 16 et 14 ans ont été mis en examen pour leur implication présumée dans une fausse alerte qui avait provoqué une vaste opération antiterroriste samedi à Paris, a indiqué jeudi le parquet de Paris.

Mis en examen et placés en foyer. Les deux mineurs ont été mis en examen pour appels téléphoniques malveillants, divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse, dénonciation de crime imaginaire, usurpation d'identité, piratage informatique et violences volontaires en réunion, a précisé le parquet, ajoutant qu'ils avaient été placés au sein d'un foyer éducatif.

Ils ne se connaissent que par les réseaux sociaux. Lycéen en seconde, D. , 16 ans, a été arrêté lundi à Vitry-le-François, dans la Marne. Il est soupçonné d'être l'un des deux hackers qui ont piraté la ligne téléphonique de l'église Saint-Leu, dans le quartier parisien des Halles, pour appeler les forces de l'ordre et leur faire croire qu'une prise d'otages était en cours dans l'édifice. Scolarisé en troisième, M., 14 ans, arrêté en Lozère mardi, est suspecté d'avoir participé à l'opération. Les deux garçons semblent se connaître uniquement sur les réseaux sociaux. Le second hacker, que l'on entend dans l'appel téléphonique aux forces de l'ordre, est toujours recherché.

Le plus âgé reconnaît les faits. Devant les enquêteurs de la Brigade Criminelle, D. a reconnu être la personne cachée sous le pseudo "Tylers Swatting" et être impliqué dans les faits, a indiqué une source proche de l'enquête. Il est également soupçonné "d'être derrière d'autres fausses alertes envoyées en septembre et visant des collèges, des lycées et autres lieux publics", notamment des grands magasins, a souligné cette source. 

L'appel téléphonique, passé samedi en milieu d'après-midi, avait déclenché une vaste opération de police, avec l'intervention des hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Le secteur avait été bouclé et des riverains évacués ou confinés. Via l'application pour smartphone SAIP (Système d'alerte et d'information aux populations), les autorités avaient même délivré un message "église - alerte attentat".

Un grand émoi sur les réseaux sociaux. Sur fond de menace inédite en France et deux mois après l'assassinat d'un prêtre en pleine messe par deux djihadistes dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), cette opération des forces de l'ordre avait créé un important émoi, notamment sur les réseaux sociaux, avant que l'alerte ne soit rapidement levée. Deux protagonistes du canular, utilisant les pseudonymes de "Tylers Swatting" et "Zakhaev Yamaha", s'étaient mis en scène sur les réseaux sociaux, le premier se vantant d'avoir "fait le pire swat", en faisant déplacer "des hélicos, le gouvernement, 50 voiture (sic) de flics".

Le lendemain, ils avaient revendiqué leur action, disant "rechercher le buzz". Le "swatting", qui tire son nom du service de police Swat (équivalent américain du GIGN), est un canular téléphonique qui consiste à faire déplacer les unités d'intervention pour une fausse urgence. Une technique déjà utilisé par le hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias Ulcan, dont les deux adolescents se sont dits des admirateurs. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé lundi que l'État allait se constituer partie civile afin "d'obtenir réparation", précisant qu'une "évaluation du préjudice financier" avait été demandée.