Eurostar : des migrants sur les voies, le trafic perturbé

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C.P.-R., Jeanne Daudet et Julien Pearce avec AFP , modifié à
L'Eurostar a dû faire face à de grosses perturbations, dans la nuit de mardi à mercredi, avec l'intrusion de migrants sur les voies, côté français.

L'intrusion de migrants sur les voies à proximité du tunnel sous la Manche a causé, dans la nuit de mardi à mercredi, une gigantesque pagaille pour six trains Eurostar, a-t-on appris de sources concordantes. Cinq d'entre eux ont fini par arriver à destination, à Londres, après ces incidents qui ont commencé vers 22h30. Les voyageurs du sixième train ont pu repartir direction Londres, seulement mercredi à 10 heures. La préfecture du Pas-de-Calais a expliqué dans la matinée que la longueur du blocage était due à une fuite de gaz sur la motrice arrière.

Les infos à retenir :

- la présence de migrants sur les voies a entraîné de fortes perturbations, dans la nuit de mardi à mercredi

- six trains fortement retardés

- les 700 passagers du sixième sont partis pour Londres 12 heures plus tard

700 personnes bloquées. Vers 6 heures du matin, mercredi, un sixième et dernier train était toujours bloqué en gare de Calais-Frethun. Ce train comportant 18 voitures transportait environ 700 passagers, soit la capacité maximale d'un Eurostar. Parti à 19h42 de la gare du Nord, il est resté bloqué à partir de 21h30 à proximité de l'entrée du tunnel sous la Manche, avant d'être tracté vers 2 heures du matin en gare de Calais-Frethun.

Départ pour Londres, 12 heures plus tard. Juste avant 10 heures, les voyageurs de cet Eurostar étaient enfin en train de monter à bord d'un train nouveau train pour gagner Londres. Certains portaient des couverture de survie pour les protéger du froid. On pouvait entendre des enfants pleurer. Selon l'une des passagères, le contrôle des passeports de tous les passagers a retardé l'embarquement.

"Cela devenait insupportable". L'un d'eux, Edouard, a raconté au micro d'Europe 1 l'attente difficile vécue par les voyageurs : "L'électricité a été coupée assez vite, on n'avait plus d'air ni de lumière dans les wagons. A la fin, on était dans le noir. On a vu des gens avec des lampes de poche, des personnels de gendarmerie et des personnels de gare qui fouillaient dans les buissons. On a dû attendre l'hélicoptère, qui finalement est arrivé au bout de 30 minutes".

Un hélicoptère pour vérifier que des migrants ne sont pas cachés sur le toit de l'Eurostar. Les voyageurs ont même été incités à collaborer avec la police et à signaler si jamais ils entendaient des pas au-dessus de leur tête. Des patrouilles à pied ont longé les voies puis évacué les clandestins qui s'étaient introduits dans le tunnel sous la Manche. 

"J'ai vu des gens vomir". Une opération qui a pris plusieurs heures et pendant laquelle les passagers étaient coincés. "Il faisait de plus en plus chaud, c'est à peu près au moment où cela devenait insupportable que le train est tout doucement reparti vers Calais, ils ont ouvert les portes et on a pu respirer un peu", poursuit Edouard. "Ça a été la libération, j'ai vu des gens malades, des gens vomir. Il y avait quand même des familles, des femmes enceintes", a conclu le jeune homme.

Un site de la SNCF pas assez "sécurisé". D'autre part, Eurotunnel a tenu à faire savoir qu'"il n'y a pas de migrants qui se sont introduits dans le tunnel sous la Manche". "Les migrants étaient sur les voies SNCF de la gare de Calais et non pas dans le tunnel sous la Manche", a insisté un porte-parole. Une source policière à Calais a donné la même version.

Le groupe Eurotunnel avait pointé récemment ce site de la SNCF, réclamant qu'il "soit davantage sécurisé", jugeant que les migrants avaient "changé de stratégie" et passaient désormais par ces rails pour atteindre le tunnel sous la Manche.

2.000 tentatives par nuit. Quelque 3.000 migrants, venus principalement d'Afrique, sont présents à Calais et ses environs et cherchent régulièrement à passer en Angleterre, qu'ils considèrent souvent comme un Eldorado.

Eurotunnel a dénombré jusqu'à 2.000 tentatives d'intrusion par nuit fin juillet, avant une décrue à 100 ou 200 en moyenne ces derniers jours. Depuis janvier, la société affirme avoir intercepté 37.000 migrants qui tentaient de rejoindre l'Eldorado britannique.  Au moins neuf migrants ont trouvé la mort sur ou aux abords du site. La sécurité y a déjà été fortement renforcée, avec l'installation de nouvelles clôtures et l'arrivée de renforts policiers.