En Indre-et-Loire, un centre d'accueil pour les policiers en souffrance

© PATRICK KOVARIK / AFP
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François Coulon et M.-A.B. , modifié à
Les fonctionnaires viennent y soigner leurs blessures psychologiques, du burn-out aux addictions.
REPORTAGE

C'est un "cocon" pour soigner le mal-être des policiers. En Indre-et-Loire, à une cinquantaine de kilomètres de Tours, depuis 1950, le centre médical du Courbat accueille chaque année 400 policiers en burn out, dépression ou encore victimes d'addictions. Depuis les attentats de janvier et le renforcement du plan Vigipirate, le centre fait le plein et accueille actuellement une cinquantaine de fonctionnaires.

"J'ai failli faire une bêtise". Beaucoup d'entre eux ont subi un burn out. "Je les arrête mais après, que se passe-t-il ? C'est quasiment toujours les mêmes qui  reviennent à chaque fois. Cela épuise. Je me demande à quoi je sers, il y a tellement de travail", confie Luc, un pensionnaire qui est affecté à la BAC, en région parisienne, et dont le discours s'inscrit dans la pure ligne de ses collègues qui ont manifesté mercredi devant la Chancellerie.

Le malaise se ressent jusque dans sa voix. "L'épuisement m'a emmené loin. J'ai failli faire une bêtise", confie-t-il. Et d'ajouter : " Il faut toujours être sur le qui-vive : il y a un moment où l'on ne peut plus gérer. On pète un plomb, on ne peut plus".

 "C'était une vocation : je voulais arrêter du voyou". Gabriel, lui, est en poste dans le nord de la France. Après 28 ans de maison, il évoque une pression devenue insupportable dans son commissariat.  "Ils demandent du chiffre, du chiffre, du chiffre… et avec des horaires complètement miteux", explique-t-il. "Cela me fait mal au ventre parce que pour moi, c'était une vocation : je voulais arrêter du voyou. Mais quand on voit les peines qu'ils prennent et qu'ils ne prennent pas…", déplore le flic. "Ça me casse moralement, je me prends des caisses alcooliques soutenues. Cinq jours pendant lesquels je peux boire comme un trou", explique-t-il.

La plupart de ces policiers à bout de nerfs vont passer deux mois à se reconstruire. Pour cela, ils suivent un programme constitué de séances de sport, d'écoute et de prise de distance. Et  Joël, policier en fin de séjour de conclure :"ici c'est la Cour des miracles. Pour moi, c'est comme une résurrection".