Disparues de la gare de Perpignan : que sait-on de Jacques Rançon ?

Jacques Rançon.
Jacques Rançon. © DR
  • Copié
, modifié à
PORTRAIT - Près de vingt ans après les faits, Jacques Rançon est de nouveau au centre de l’affaire des disparues de la cité catalane, après avoir avoué le deuxième assassinat de l’une d’elles.

Nouveau coup de théâtre dans l’affaire des disparues de Perpignan. Après avoir avoué l’assassinat de Mokhtaria Chaïb à l’automne dernier, Jacques Rançon a reconnu, lundi, celui de Marie-Hélène Gonzales. Qui est cet homme, dorénavant au cœur de cette affaire criminelle vieille de vingt ans ?

Confondu par son ADN 17 ans après les faits… C’est en octobre 2014 que Jacques Rançon fait son apparition dans le dossier des disparues de Perpignan. Déjà connu pour des agressions sexuelles, l’homme de 54 ans est confondu par son ADN, 17 ans après les faits, grâce aux progrès scientifiques qui ont permis de découvrir, en 2010, une empreinte génétique partielle sur l’une des chaussures de Mokhtaria Chaïb.

… Il avoue l’assassinat de Mokhtaria. Lors de sa garde à vue, Jacques Rançon reconnaît avoir tué cette étudiante en sociologie, retrouvée le 21 décembre 1997, au lendemain de sa disparition dans le quartier de la gare de Perpignan. Le corps de cette beauté brune de 19 ans, découvert dans un terrain vague, était atrocement estropié : seins découpés, sexe mutilé. Le tout avec une précision quasi-professionnelle qui avait longtemps laissé penser aux enquêteurs que le tueur était peut-être un chirurgien.

Incarcéré depuis l’automne dernier. Après ces aveux, Jacques Rançon a été mis en examen et placé en détention provisoire pour "viol avec arme en récidive et assassinat", le 16 octobre 2014. Mais il s’était rétracté en mars dernier, arguant avoir été mis sous pression par les enquêteurs.

Et l’assassinat de Marie-Hélène. Lundi, cet homme de 54 ans à la forte carrure a de nouveau fait parler de lui en avouant l’assassinat de Marie-Hélène Gonzales. Le 26 juin 1998, cette jolie brune de 22 ans est retrouvée morte près d’un péage de l’autoroute A9, dix jours après avoir disparu à la gare de Perpignan où elle venait de descendre de train. Sa dépouille présente les mêmes mutilations que le corps de Mokhtaria Chaïb. Mais Marie-Hélène Gonzales a aussi été amputée des mains et décapitée.

Une autre agression, dont la victime a survécu. Jeudi dernier, l’ancien cariste-magasinier avait déjà avoué être l’auteur d’une autre agression. En mai 1998, encore à Perpignan, une femme alors âgée de 19 ans avait reçu plusieurs coups de couteau au ventre, manquant de peu d'être égorgée et réussissant in extremis à s'échapper.

Trahi par sa "mauvaise dentition". Celle-ci, aujourd’hui âgée de 36 ans, avait identifié Jacques Rançon à l’occasion de ses aveux concernant le meurtre de Mokhtaria Chaïb et avait témoigné auprès du Parisien, en mars dernier. "Je l'ai reconnu à sa mauvaise dentition et à ses yeux", avait-elle expliqué. Elle décrivait un homme "alcoolisé", titubant, qui avait "essayé de [la] draguer" avant de la piéger pour la poignarder. Dans cette affaire, Jacques Rançon a été mis en examen pour "tentative d’assassinat".

Délinquant sexuel... Il faut dire que le quinquagénaire possède un casier judiciaire bien fourni, en particulier dans le registre des agressions sexuelles. Son premier passage à l’acte remonte à 1992. Du haut de ses 32 ans, Jacques Rançon prend en filature une secrétaire de 20 ans, rentrant chez elle en voiture. Pour lui bloquer la route, il lui fait une queue de poisson, puis la force à monter dans son véhicule et la viole, raconte Paris Match. Condamné en janvier 1994 pour ces faits, il écope de huit ans d’emprisonnement, mais n’en purgera que cinq.

Direction Perpignan. Tout juste sorti de la prison d’Amiens, l’homme originaire de Hailles, petit village d’à peine 500 habitants dans la Somme, prend la route du Sud et débarque dans la cité catalane. Nous sommes en septembre 1997. D’après L’Indépendant, l’homme est un habitué des sites de rencontre en ligne. Sur sa page personnelle Facebook, il publie des photos de jeunes femmes dénudées.

Jacques Rançon vadrouille d’hôtel en hôtel, dont l’un proche de la gare perpignanaise, et travaille en intérim comme cariste-magasinier, rapporte le quotidien. Un profil bien loin de celui envisagé un temps par les hommes de la PJ au vu des mutilations chirurgicales effectuées sur les corps des victimes.

Entre les mailles du filet. Selon Libération, c'est en septembre 1998, alors que trois jeunes femmes ont déjà disparu dont deux ont été retrouvées mortes, que les enquêteurs de la PJ de Perpignan croisent la route de Jacques Rançon. Mais à l’époque, l’homme fait partie des centaines de suspects entendus au cours de l’enquête qui piétine et s’oriente vers de multiples pistes. Et rien n’attire l’attention des policiers sur Jacques Rançon. Même si d’après L’Indépendant, son domicile avait tout de même fait l’objet d’une perquisition.

Un homme violent, fiché au Fnaeg. C’est une affaire de violences conjugales qui va changer la donne dans cette enquête aux nombreux rebondissements. En octobre 2013, Jacques Rançon écope encore d'un an de prison pour menaces de mort sur son ex-concubine, mère de ses deux enfants, avant d’être libéré en juillet 2014 après neuf mois de prison. C’est lors de cette procédure que l’ADN de Jacques Rançon aurait été enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Un ADN, qui a enfin matché en octobre 2014, et déclenché cette série d’aveux qui pourraient bien sonner la fin du mystère des disparues de Perpignan.