Joué-lès-Tours, Dijon, Nantes : quelles différences ?

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Louis Hausalter avec Eve Roger et AFP , modifié à
SÉRIE NOIRE - Il n'y a pas de lien entre les trois drames survenus depuis samedi, assurent les autorités. Retour sur trois modes opératoires distincts.

Joué-lès-Tours, Dijon, Nantes : trois drames en trois jours. "Il n'y a pas un lien entre ces évènements", a assuré Manuel Valls, mardi sur Europe 1, mais "je comprends la préoccupation de nos concitoyens face à ces images choquantes, à la douleur des victimes", a ajouté le Premier ministre. Des "inquiétudes vives et légitimes", selon ses mots, qui font suite à une série noire. Même si ces trois évènements sont différents dans leurs modes opératoires, et surtout par les profils des trois agresseurs.

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Joué-lès-Tours : un islamiste radical qui s'en prend à des policiers. Bertrand Nzohabonayo, l'homme abattu après avoir sauvagement agressé des policiers samedi à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, était un Français d'origine burundaise. Cet homme de 20 ans a blessé trois policiers au couteau en criant "Allah Akbar". Converti à l'islam dans son adolescence, l'agresseur était passé de la petite délinquance à l'islamisme radical. Lui et son frère avaient été signalés en 2013 comme "suspects" par les services burundais, en raison de leur intégrisme religieux.

Le procureur de la République de Paris a indiqué lundi que Bertrand Nzohabonayo, qui avait affiché un drapeau du groupe Etat islamique sur son compte Facebook, a laissé une sorte de "testament religieux", dans lequel "est évoqué le règlement des dettes, au cas où, et dans lequel Bertrand demande à Allah de lui donner de la force".

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Dijon : un "malade mental" dans un "délire mystique". L'homme qui a fauché volontairement 13 piétons à Dijon, dimanche, présente un profil assez différent de l'agresseur de Joué-lès-Tours. Certes, lui aussi a crié "Allah Akbar" au moment de commettre son méfait. Mais pour la procureure de la République de Dijon, "il ne s'agit absolument pas d'un acte terroriste".

Né à Strasbourg d'un père d'origine marocaine et d'une mère algérienne, le conducteur, âgé de 40 ans, présente le profil d'un schizophrène de longue date. Il a d'ailleurs fait 157 séjours volontaires en unité psychiatrique entre 2001 et 2014. Pour le psychiatre et criminologue Roland Coutanceau, interrogé sur Europe 1, il s'agit d'"un malade mental qui n'a pas essayé de se suicider, qui criait 'Allahou Akbar', ayant lui-même un délire mystique".

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Nantes : un "meurtrier de masse" qui veut tuer et se tuer. Le lendemain du drame de Dijon, l'horreur s'est répétée à Nantes. Le mode opératoire est similaire : un chauffard a fauché des piétons sur une place très passante du centre-ville. Mais là aussi, la piste du terrorisme a été écartée par le Parquet, qui parle d'un "cas isolé". L'automobiliste s'est donné une dizaine de coups de couteau après est un homme de 37 ans résidant en Charente-Maritime, selon la gendarmerie. Il n'était pas connu de la police ni de la justice pour des antécédents psychiatriques. En revanche, il a été impliqué dans une affaire de vol et recel dans l'Hérault en 2006, puis dans une dégradation de véhicule en 2008.

Pour Roland Coutanceau, l'attaque de Nantes diffère de celle de Dijon car "c'est un mécanisme qui ressemble à ce qu'on appelle le meurtrier de masse. C'est quelqu'un qui essaie de tuer dans un temps donné le maximum de gens et dans le scénario est présent le fait de se suicider dans la foulée, comme une espèce d'acte de fin de vie". Toutefois, le drame de Dijon a très probablement influencé son passage à l'acte. "Dans le choix de la manière de tuer, on peut se demander s'il n'a pas été imprégné par le fait divers de Dijon, qui a été fortement médiatisé. Il y a quelque chose qui a fait tilt dans sa tête", explique le psychiatre.

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