Deux Français tués à Madagascar : la piste du crime passionnel apparaît

la Casa à Nono, discothèque, meurtre, Madagascar Crédit : SARAH TÉTAUD / AFP - 1280
La discothèque où Magalie et Romain ont été vus la première fois. © SARAH TÉTAUD / AFP
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Marthe Ronteix
Deux bénévoles français ont été retrouvés morts et défigurés sur une plage de l'île de Sainte-Marie à Madagascar. Le mobile passionnel surgit dans l'enquête.

Magalie et Romain travaillaient bénévolement à Madagascar pour une association de protection des baleines à bosse, Cétamada, depuis juin dernier. Les corps des deux jeunes Français de 22 et 25 ans ont été retrouvés le 21 août sur une plage de Sainte-Marie. Une île que les locaux s'accordent à qualifier de calme, par rapport à d'autres endroits de Madagascar comme la capitale Tananarive. Après une semaine d'enquête, la piste du crime passionnel commence à se dessiner.

Une soirée pourtant ordinaire. Le jeune couple s'était rendu dans une boîte de nuit populaire de l'île, la Casa à Nono, accompagné d'autres membres de l'association Cétamada pour laquelle ils travaillaient, le 20 août. Connue pour attirer aussi bien des locaux que des touristes et des expatriés, cette discothèque avait bonne réputation. La star locale Big MJ était là pour mettre l'ambiance. "Il y avait au moins une trentaine de 'vaza' [les Blancs] français. C'était une grosse soirée très attendue", a témoigné Camille, une jeune touriste française présente lors des festivités, auprès du site réunionnais Zinfos974

Certains témoins, cités par Libération, évoquent bien quelques bousculades et deux vigiles qui auraient dû séparer deux danseurs particulièrement excités, mais aucun incident se rapportant à Romain et Magalie. Ce soir-là, comme tous les jeudis et samedis, les vendeurs de brochettes de poulet s'agglutinent à la sortie de la boîte, tout comme les chauffeurs de tuk-tuks, les tricycles qui servent de taxis sur l'île, jusqu'à trois heures du matin. 

Un jeune couple heureux de vivre. Sur l'île, les deux Français étaient surtout connus pour leur énergie positive. Romain, originaire de Marseille, venait de terminer une année de master en sciences de la mer. Il était chargé d'encadrer les "safaris baleines", rapporte encore Libération. Magalie "respirait la joie de vivre", d'après ses amies. La jeune fille originaire de Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine, venait d'être acceptée dans un master de biologie. Elle "contribuait à l'esprit d'équipe, à la cohésion de groupe. Avec Romain, ils étaient formidables", confie Henry Bellon, le président de Cétamada. Les deux étudiants s'étaient rencontrés sur place.

Madagascar, meurtre crédit : SARAH TÉTAUD / AFP

L'enquête démarre. Deux jours après la découverte des corps qui portaient "des traces de blessures à la tête" qui les défiguraient, sept personnes sont interpellées et placées en garde à vue. Parmi elles, six Malgaches et un Français. "Vu le constat de décès, il va sans dire qu'il s'agit d'un double meurtre. Il reste à déterminer le mobile", a affirmé le commandant de la section de recherche criminelle le 22 août. Si Magalie était partiellement dénudée, la thèse du viol a néanmoins rapidement été écartée.

Romain, quant à lui, a été retrouvé avec son porte-feuille et son smartphone. Le crime ne semble donc pas être une tentative de vol qui aurait mal tourné. Les corps auraient d'ailleurs été déplacés et la scène de crime maquillée, d'après le préfet. Le parquet de Paris a été saisi de l'enquête par la famille de la jeune fille

La piste du crime passionnel. Mais les enquêteurs pourraient bien avoir une autre piste. Parmi les suspects placés en garde à vue, V., 20 ans, moniteur de plongée. Le jeune homme aurait eu une aventure d'un soir avec Magalie. Des fêtards affirment qu'ils l'ont vu sortir "en larmes" de la boîte de nuit où Romain avait embrassé la jeune fille, le soir du meurtre. Une thèse qu'il réfute. V. affirme ne pas s'être rendu à la Casa à Nono ce samedi-là. Ce jeune homme serait-il la clé de l'énigme ?

En attendant que ce suspect et les huit autres soient déférés au parquet, deux sous-officiers de l'identification criminelle sont arrivés de l'île de la Réunion vendredi dernier pour faire des prélèvements sur les corps, pour l'instant conservés dans un congélateur acheté en catastrophe pour l'occasion, rapporte Libération. Les meurtres de Magalie et Romain s'ajoutent à la liste des douze Français tués à Madagascar depuis 2015.