Détournement de fonds publics : la maire de Montauban placée en garde à vue

brigitte barèges 1280
Brigitte Barèges est maire de Montauban depuis © REMY GABALDA / AFP
  • Copié
C.P.-R. avec AFP , modifié à
La maire de Montauban, Brigitte Barèges, a été placée mardi en garde à vue à Toulouse, notamment pour détournement de fonds publics, a annoncé le parquet.

Brigitte Barèges, élue du parti Les Républicains, était entendue dans le cadre d'une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire de Toulouse qui concerne "le financement par la municipalité de Montauban d'un emploi possiblement fictif d'un chargé de communication à la mairie", a précisé dans un communiqué le procureur de la République à Toulouse, Pierre-Yves Couilleau.

Celle qui est maire de Montauban depuis 2001 a été placée en garde à vue pour "détournement de fonds publics, complicité et recel de ce délit, faux et usage". Son ancien directeur de cabinet, Stéphane Bensmaine, son ex-chargé de communication et directeur de campagne Jean-Paul Fourment et Alain Paga, directeur du Petit Journal - quotidien proche de la mairie -, ont également été mis en garde à vue, a précisé le procureur.

L'emploi intriguant de Fourment. L'enquête porte sur l'emploi fictif supposé qui aurait été attribué à Jean-Paul Fourment, payé par la mairie pour écrire des articles favorables à Brigitte Barèges dans le Petit Journal. Embauché en septembre 2012, il a affirmé avoir eu pour tâche de rédiger, pendant des mois, des articles en faveur de la maire. Jean-Paul Fourment travaillait chez lui, sans le moindre bureau à la mairie ni la moindre adresse électronique municipale, mais était rémunéré par la ville environ 3.000 euros brut par mois.

Dénoncée par son ex-employé "fictif". La maire de la préfecture du Tarn-et-Garonne, qui récuse toute malversation, avait déjà été entendue dans ce dossier en mars 2014, de son plein gré. Elle avait à l'époque accusé des "dénonciations malveillantes et politiciennes". C'est la transmission à la justice d'un volumineux dossier par Jean-Paul Fourment qui avait déclenché l'ouverture d'une instruction, début 2014. L'homme avait été évincé de son poste à la mairie peu de temps avant, après avoir fait l'objet d'une procédure disciplinaire.

Déjà condamnée à un an inéligibilité. Dans un dossier distinct mais qui concerne également ce quotidien, le Conseil d'Etat avait annulé début mai la condamnation à un an d'inéligibilité de Brigitte Barèges, qui conserve ainsi son mandat. L'instance avait reconnu que des fonds de la mairie avaient été utilisés pour assurer une promotion électorale déguisée de l'édile, qui avait été confortablement réélue en mars 2014 au second tour des municipales, dépassant les 50% malgré une triangulaire.

Ses comptes de campagne invalidés. "De nombreux articles, publiés entre septembre et décembre 2013" dans l'édition tarn-et-garonnaise du Petit journal "ont valorisé l'action" de la candidate et "ont été payés par la commune de Montauban", soulignait le Conseil d'Etat. Mais il avait estimé que ce manquement ne revêtait pas le caractère de "particulière gravité pour que le candidat soit déclaré inéligible". Le Conseil avait cependant rejeté les compte de campagne de l'élue.

Conseillère départementale. Egalement conseillère départementale depuis les élections de mars dernier, Brigitte Barèges est une figure de la droite populaire. Souvent attaquée pour des propos jugés homophobes ou racistes, elle avait réussi lors de ces départementales, à détrôner Jean-Michel Baylet, patron du Parti radical de gauche, de la présidence de l'Assemblée départementale.