Des Roms expulsés à Marseille

L'arrêté d'expulsion avait été pris lundi par la mairie de Marseille.
L'arrêté d'expulsion avait été pris lundi par la mairie de Marseille. © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
Une centaine de personnes ont été évacuées jeudi matin. "Vers le trottoir d'en face", ironise la LDH.

Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, l'avait annoncé mercredi. Une centaine de Roms, dont près d'une trentaine d'enfants, ont été évacués jeudi matin du quartier de la porte d'Aix. Un arrêté d'expulsion avait été pris lundi.

Dès 6h15, une cinquantaine de CRS et une vingtaine de policiers en civil ont encerclé les espaces verts de la porte d'Aix. Ils ont signifié leur expulsion aux familles Roms présentes sur ces pelouses et ont procédé à des contrôles d'identité.

"Considérant que cette occupation est de nature à générer un trouble grave à l'ordre public qui s'accentue chaque jour", la ville avait ordonné lundi "l'évacuation sans délai des espaces verts et autres espaces publics situés à la porte d'Aix".

Un parking occupé

Le volontarisme de Jean-Claude Gaudin intervient quelques jours après la médiatisation de l'occupation d'un parking par un groupe de racketteurs - non rattachés à ces campements roms - dans ce même quartier. La situation de la Porte d'Aix était connue pour être sensiblement la même depuis plusieurs années : l'entrée de Marseille depuis l'autoroute A7 a même été déplacée pour ne plus y déboucher.

Ces mesures d'expulsion sont inutiles, selon Bernard Eynaud, responsable de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) dans les Bouches-du-Rhône : "Je pense qu'ils (les Roms) vont traverser et s'installer sur le trottoir d'en face si la police les laisse faire, parce qu'ils n'ont nulle part où aller". Il juge la situation "glauque et écoeurante".

Des propositions d'hébergement seront proposées aux familles, a assuré une porte-parole de la mairie de Marseille. Mais "il s'agit de places dans des centres pour SDF ou personnes désocialisées", réplique le responsable de la LDH, "ce qui n'est pas du tout le cas des Roms qui vivent en famille. Ces endroits ne sont pas adaptés pour les femmes et les enfants".

La gauche dénonce "la chasse aux Roms"

L'annonce de cette expulsion a également été très critiquée par les représentants de la gauche et de l'extrême gauche locale.

"Au lieu de dépenser du temps et de l'énergie à chercher un lieu où ces familles pourraient se stabiliser dans des conditions décentes de vie, d'hygiène et de salubrité, les autorités se mobilisent pour les chasser, les traquer, les renvoyer toujours un peu plus loin", s'est indigné mardi le groupe des élus Front de Gauche au conseil régional.

Le parti communiste local (PCF13) a dénoncé "la chasse aux Roms" de la "mairie UMP (qui) poursuit les pauvres jusqu'au tribunal".

Le président (PS) de la région Paca, Michel Vauzelle a jugé mercredi soir "honteux et inacceptable d’expulser des Roms sans accompagnement. Une nouvelle fois, aucune solution de relogement n’a été proposée pour offrir à ces citoyens de l’Union européenne des conditions de vie décentes", écrit-il.

Médecins du Monde (MdM) avait dénoncé fin juillet à Marseille "le harcèlement policier" dont sont victimes les Roms dans la cité phocéenne, appelant à un "moratoire des expulsions" et à l'arrêt de ce harcèlement.