Des policiers jugés après la mort d'Hakim

La mère d'Hakim Ajibi lors d'une manifestation
La mère d'Hakim Ajibi lors d'une manifestation © MAXPPP
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avec Brigitte Rénaldi , modifié à
Le jeune homme de 22 ans est mort par asphyxie en 2008 après une interpellation musclée.

Quatre ans après la mort d’Hakim Ajimi, sept policiers se retrouvent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Grasse. Ils doivent répondre d’homicide involontaire ou de non-assistance à personne en danger après la mort par asphyxie du jeune homme de 22 ans, à la suite d’une interpellation musclée en 2008. Une expertise médicale avait conclu que le décès avait été provoqué par une asphyxie mécanique.

Le drame se joue le 9 mai 2008. Le jeune homme "se dispute violemment avec son banquier". Ce dernier fait appel à la police. Les agents de la BAC interpellent le jeune homme alors qu’il rentre chez lui. L’un d’entre eux lui fait une clé d’étranglement tandis qu’un autre s’assoit sur son dos. Hakim est immobilisé ainsi pendant un quart d’heure. Il devient bleu. On le conduit dans le fourgon et sa mort est déclarée à son arrivée au commissariat.

Un procès "nécessaire"

Après un non-lieu prononcé en mai 2010, le parquet avait fait appel. "Ce procès nous a toujours paru nécessaire", commente Jean-Michel Cailliau, procureur de la République. "La Cour d'appel a suivi notre opinion". "La question sera celle de la formation de tous ces personnels", précise-t-il. Les policiers encourent trois à cinq ans de prison.

Lors de la première journée du procès, le tribunal s'est penché sur les états de service des policiers, loués par leur supérieure hiérarchique, et sur la personnalité de la victime, qualifiée de psychologiquement "fragile". Les médecins ont évoqué chez lui "une impulsivité pathologique", des propos parfois incohérents ou mystiques.Un instructeur dans les écoles de police est également venu témoigner, une intervention qui a permis d'effleurer la question de l'usage des techniques d'immobilisation utilisées lors du drame.

Un appel au calme

"La justice attend la sérénité de chacun d'entre vous", a lancé d'emblée le président du tribunal correctionnel, Franck Robail, en convenant que "ce n'est pas un procès ordinaire" compte tenu de la "gravité des faits" et de l'implication de policiers exerçant "un métier particulièrement difficile".

La défense devrait plaider que les policiers n'ont fait qu'appliquer les techniques apprises à l'école. Les avocats de la famille d'Hakim Ajimi, eux, vont arguer que la clef d'étranglement et la compression thoracique fatales n'étaient pas nécessaires, puisque le jeune homme était complètement menotté.