Délinquance : les chiffres deviennent fous

Entre police et gendarmerie, les statistiques déraillent, sans raison apparente.
Entre police et gendarmerie, les statistiques déraillent, sans raison apparente. © MAXPPP
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avec Guillaume Biet et AFP , modifié à
Entre police et gendarmerie, les statistiques déraillent, sans raison apparente.

Le bug. A l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), on s'arrache les cheveux. Les statisticiens qui analysent les chiffres fournis par la police et la gendarmerie ne comprennent plus l'évolution des courbes. Pour des raisons inexpliquées, certains crimes et délits explosent en zone gendarmerie - plutôt rurales - alors qu'ils restent stables dans les zones contrôlées par la police. - plutôt urbaines L'ONDRP a décidé, pour la seconde fois de son histoire, de ne pas publier de bilan en novembre.

Un exemple. Le cas le plus étonnant de "distorsion de chiffres" concerne les "violences, mauvais traitement et abandon d'enfants". Alors qu'ils ont légèrement diminué en zone police, les chiffres ont plus que doublé dans les zones contrôlées par la gendarmerie. D'autres indicateurs, comme les vols de voitures ou les viols sur mineur, connaissent la même évolution.

"Il est difficile de penser que ce sont uniquement des passages à l'acte qui sont à l'origine de ces augmentations", estime sur Europe 1 Christophe Soullez, le directeur de l'ONDRP.

Une piste d'explication. Si les causes de ces brusques distorsions sont inconnues, l'observatoire soupçonne le nouvel outil de collecte de statistiques de la gendarmerie - baptisé Pulsar - de perturber les chiffres.

Conséquence inattendue de "la rapidité avec laquelle ces augmentations apparaissent et de leur intensité, dans des volumes qui n'ont jamais été constatés depuis vingt ans", l'ONDRP a décidé de séparer les chiffres de la gendarmerie et ceux de la police. Comme le mois dernier, il ne publiera donc pas de chiffres globaux de la délinquance comme il le faisait depuis sa création il y a six ans.

Et à long terme ? Mais l'affaire complique également la donne pour la publication des statistiques annuelles de la délinquance, habituellement rendues publiques en janvier. L'ONDRP a d'ores et déjà prévenu qu'il ne disposera pas d'éléments fiables pour établir le bilan global. "Pour la première fois, on risque d'avoir un bilan annuel coupé en deux. Sauf si on trouve des explications qui nous permettraient de revenir à une addition des deux zones, ce qui pour le moment est loin d'être le cas", prévient Christophe Soullez.