De l'ADN sur des mégots : deux ex-braqueurs aux assises 23 ans après

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(Photo d'illustration.) © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Les deux hommes, qui ont refait leur vie et comparaissent libres, encourent la perpétuité pour Amimer, récidiviste, et 20 ans pour Musset.

Leurs ADN ont été retrouvés sur des mégots écrasés à la banque: 23 ans après le braquage d'une agence bancaire parisienne, deux anciens bandits chevronnés ont comparu mardi devant la cour d'assises de Paris. Mohamed Amimer, 58 ans, autrefois dit "Momo" dans le milieu, et Patrick Musset, 70 ans, ont en commun une vie de braquages et de cavale. Ils nient tous les deux leur participation au vol de l'agence de la banque Inchauspé, où 15,3 millions de francs ont été dérobés - soit l'équivalent actuel de 3,2 millions d'euros.

Les deux hommes, qui ont refait leur vie et comparaissent libres, encourent la perpétuité pour Amimer, récidiviste, et 20 ans pour Musset. Costume noir sur chemise fushia, Mohamed Amimer arbore un teint hâlé de vacancier: il est désormais "chef d'entreprise". Le cheveu gris, en jean confortable, Patrick Musset vit de "sa retraite".

Accusés d'un casse audacieux. Les deux hommes sont accusés d'un des derniers grands casses audacieux, à une époque où les banques avaient encore du cash et où l'ADN faisait ses débuts dans la police scientifique. Le 18 juillet 1994 au soir, deux hommes séquestrent chez lui un cambiste, le gardent une nuit menotté et cagoulé, avant de le contraindre à ouvrir les coffres de son agence le lendemain matin, lui faisant croire qu'ils détiennent sa mère en otage au pays.

L'affaire est rondement menée. Les voleurs disparaissent avec l'argent, ne laissant derrière eux que trois mégots de cigarettes grillées en attendant l'ouverture des coffres. Les premières analyses ne donnent rien et faute d'identification, un non-lieu est prononcé en février 1996.

Les mégots conservés dans un bocal. L'enquête est relancée en 1999 et 2000 par des témoignages anonymes, qui incriminent quatre figures du grand banditisme: deux sont morts, les deux autres sont Amimer et Musset. Les deux hommes nient se connaître. Leurs ADN sont retrouvés sur les mégots. Aux enquêteurs, Aminer affirme qu'il ne fumait pas la marque de cigarettes retrouvée, Musset explique qu'il était alors en cavale au Venezuela et dénonce une "manipulation policière".

Pour la défense, la fragilité du dossier tient dans la manipulation des preuves : les mégots ont été conservés dans un bocal, mais pas remis sous scellés après la première analyse. Contestée au cours de l'instruction, cette preuve a toutefois été validée par la justice. Ce qui vaut finalement aux deux anciens bandits de renouer avec la cour d'assises. Le verdict est attendu vendredi.