Dans le frigo du commissariat de Rézé… des restes humains

© DR
  • Copié
avec Matthieu Bock
Faute de moyens et en attente d'analyses complémentaires, les policiers ont placé des scellés, contenant des restes d'une victime, dans leur réfrigérateur .

A côté des yaourts et du pot de moutarde, des organes humains dans un sac en papier. Voici ce que l'on pouvait  trouver vendredi dernier dans le frigo de la salle de repos des policiers du commissariat de Rézé, près de Nantes, en Loire-Atlantique. Mais que faisait ce "doggybag" macabre dans le réfrigérateur des fonctionnaires ? Faute de moyens, ces restes humains conditionnés dans des petits pots emballés dans un sac en papier kraft y ont en fait été entreposés dans l'attente d'analyses scientifiques complémentaires. Europe 1 vous explique tout.

Des restes destinés au labo. A l'origine de cette histoire, le corps d'une femme retrouvé dans la Loire. Comme le veut la procédure, les policiers cherchent à déterminer les causes de la mort. Si tout semble indiquer que la victime s'est jetée dans la Loire, il faut donc vérifier s'il s'agit d'un suicide ou non. Des morceaux de cervelle, de foie ou encore de poumons sont prélevés sur le corps et conditionnés pour les faire analyser par un laboratoire privé. Mais en attendant, ces scellés, placés dans un sac en papier, sont donc stockés le frigo du commissariat… à côté du taboulé et des carottes râpées.

23.10-frigo.hauteur

© DR

"Il faut respecter les morts… et les vivants".  Pendant cinq jours, ce sac est resté dans le même frigo que les repas des policiers, s'indigne, au micro d'Europe 1, Stéphane Léonard, de l'Unité SGP-Police Force Ouvrière. "Les pauvres collègues qui ont stocké le sac ne sont pas les fautifs. Dans cette affaire, l'ordre a été donné par la haute hiérarchie", assure le syndicaliste. "Il y a déjà le souci du respect de la victime. Cette femme peut être une mère de famille ou la fille de quelqu'un. Il y a tout un protocole à respecter", déplore-t-il en insistant sur la nécessité de "respecter les morts".  Mais Stéphane Léonard dénonce également  l'absence de respect envers les "vivants", les policiers. " On leur dit 'bon appétit, vous avez à côté de votre nourriture un colis avec des restes humains dans le frigo'. C'est complètement indélicat", conclut-il .
Un "incident regrettable". La Direction générale de la police nationale (DGPN), jointe par Europe 1 mercredi,  évoque un incident regrettable mais souligne qu'il ne s'agit surtout pas d'une pratique habituelle. Le fonctionnaire qui s'occupait du sac aurait dû le déposer dans un frigo spécialement dédié, au commissariat central, assure-t-on. Et la hiérarchie promet que la procédure sera rappelée aux policiers.