Couacs autour des nouveaux box sécurisés dans les tribunaux

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Noémie Schulz avec CB
Les cages de verre destinées à protéger les magistrats, les avocats et le public ont des répercussions sur la bonne tenue des procès. Un recours doit être déposé mercredi à Grenoble.

Les tribunaux français ressemblent de plus en plus aux tribunaux italiens des années de plomb. Depuis quelques mois, des box ultra-sécurisés sont installés dans des salles d'audience, partout en France, pour juger les pères qui ne paient pas leur pension alimentaire, comme les délinquants dangereux. Des cages de verre qui ont pour but premier de protéger les magistrats, les avocats et le public, mais qui ont des conséquences sur le bon déroulé des procès. Elles sont d'ailleurs dénoncées par certains juges et de nombreux conseils qui déposent mercredi un recours à Grenoble contre le nouveau box de la cour d'assises.

>> Grenoble est loin d'être le seul tribunal concerné. Le problème se pose aussi à Caen, Lyon, Orléans, ou encore Rouen, où Europe 1 s’est rendue.

Pas de haut-parleur dans le box. Dans la salle d'audience, on trouve depuis trois mois un grand box en verre, totalement fermé. Un box qui répond parfaitement aux normes fixées par la chancellerie : du grillage au plafond, quatre parois vitrées avec juste deux minces ouvertures pour que le prévenu puisse parler à son avocat et entendre ce que disent les magistrats. Sauf que la communication se révèle difficile : le box ne comprend pas de haut-parleur.

"J’en ai marre, je ne veux plus parler". Les débats sont donc très compliqués. Si bien qu’il y a quelques jours, la vice-présidente du TGI de Rouen, Mariette Vinas, s'en est émue en pleine audience. "Les personnes dans la boîte ne nous entendent quasiment pas. Et nous, nous les entendons vraiment très mal. Il y a une espèce de petite fente dans le verre, les détenus se collent à cette fente, ils mettent, alternativement l’oreille, puis la bouche, pour essayer de suivre leur procès. Certains s’énervent, évidemment. Il y a quelques jours, l’un d’entre eux, à qui je demandais de répéter parce que je ne comprenais pas ce qu’il disait, m’a répondu : ‘j’en ai marre, je ne veux plus parler’", raconte la magistrate au micro d’Europe 1. Et d’ajouter : "qu’il y ait des mesures de sécurité c’est bien, l’enfermement complet dans une boîte c’est trop".

Les avocats aussi dénoncent une situation intenable, où les jurés peuvent avoir le sentiment que la personne qu'ils doivent juger est forcément coupable, puisque déjà enfermée derrière une vitre ou des barreaux.