Corse: pourquoi Chiappini était une cible?

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Frédéric Frangeul , modifié à
PORTRAIT - Assassiné jeudi, le président du Parc naturel était "un homme pivot" en Corse.

L’INFO. Il est la dixième victime d’homicide depuis le début de l’année en Corse. Jean-Luc Chiappini,  âgé de 65 ans, a été pris dans un guet-apens jeudi sur une route d’Ajaccio. Des tueurs circulant en scooter ont abattu de trois balles le maire de Letia et président du Parc régional naturel de la Corse. Les mobiles du crime sont pour l’instant inconnus. Les enquêteurs vont désormais éplucher les activités et le passé de la victime pour tenter de remonter une piste.

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Un homme "pivot". Jean-Luc Chiappini était "au carrefour de plusieurs mondes", analyse la journaliste Hélène Constanti, auteur du livre Razzia sur la Corse. Maire depuis 1977 du village de Letia, Jean-Luc  Chiappini connaissait très bien le monde politique corse . Il  était président de la communauté de communes de son canton et avait été candidat aux élections territoriales. "C’était un homme qui avait une importance cruciale à l’intérieur de l’île, dans les montagnes corses et les communes désertifiées qui sont très dépendantes des aides publiques", assure Hélène Constanti. "C’était un homme pivot", conclut-elle au micro d'Europe 1.

Un poste-clé. Récemment réélu à la présidence du Parc naturel régional de Corse, Jean-Luc Chiappini occupait ce poste depuis 1995. A ce titre, il assurait la gestion d’une zone protégée qui couvre près de 40% de l'île de Beauté. Ces responsabilités importantes, avec des enjeux financiers conséquents, suscitaient de nombreuses convoitises. La Cour régionale des comptes avait dernièrement épinglé le parc sur plusieurs dysfonctionnements. Selon les informations d'Europe 1, Jean-Luc Chiappini avait été entendu récemment par la police judiciaire dans le cadre d'une affaire financière.

Des amitiés dans le "milieu". Jean-Luc Chiappini connaissait également bien le monde des affaires. Il avait tenu pendant de nombreuses années un bar à Ajaccio et était, selon les informations d’Europe 1, un proche du nationaliste François Santoni, assassiné en 2001. "Il avait également quelques amitiés qui lui ont peut-être joué des tours dans le milieu du grand banditisme", souligne Hélène Constanti. Avant de conclure : "il a certainement été tué parce qu’il contrariait certains intérêts".