Corruption : le préfet Alain Gardère mis en examen

Alain Gardère
Alain Gardère © AFP
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avec le service police justice , modifié à
Alain Gardère a été mis en examen pour "prise illégale d’intérêt", "corruption", "recel d’abus de biens sociaux" et "détournement de fonds publics".

Après deux jours et deux nuits en garde à vue, le préfet Alain Gardère a été mis en examen pour "prise illégale d’intérêt", "corruption", "recel d’abus de biens sociaux" et "détournement de fonds publics". Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec notamment obligation de verser une caution de 150.000 euros. Il lui a aussi été signifié une interdiction de se livrer à tout emploi public, tout emploi lié à la sécurité et tout emploi lié à l’aéroportuaire.

A la suite de sa garde à vue, l’ancien "grand flic" avait aussitôt été suspendu de ses fonctions à la tête du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), l'instance chargée notamment de délivrer des agréments aux entreprises de sécurité privés et censée chapeauter et "moraliser" ce secteur économique, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.

Services contre cadeaux. Le 23 septembre 2015, une information judiciaire avait été ouverte contre cet ancien cadre de la préfecture de police de Paris. Dans la plus grande confidentialité, les lignes téléphoniques du préfet avaient été mises sur écoute, et les conversations enregistrées s'étaient révélées accablantes.

Elles démontreraient que, grâce à ses interlocuteurs, notamment de grosses entreprises implantées à l'aéroport de Roissy, le préfet avait un train de vie très confortable depuis plusieurs années. Le procès-verbal fait état de réservations de restaurant, de privatisations de boîte de nuit et de séjours à l’étranger, indique Le Parisien. "Les personnels sollicités apparaissent si redevables que la question du paiement ne se pose même pas", résume une source proche du dossier.

Connu pour être inflexible avec ses troupes. Des faits qui interpellent de la part de ce haut fonctionnaire, inflexible avec ses troupes, très redouté, notamment, quand il dirigeait les 30.000 policiers de l'agglomération parisienne. Un homme intransigeant, notamment avec les ripoux de la Bac nord de Marseille. A l'époque, il était préfet délégué à la sécurité, nommé par Nicolas Sarkozy qui souhaitait le récompenser de sa fidélité.

Le directeur de cabinet aussi mis en examen. Le directeur de cabinet d'Alain Gardère au Cnaps a aussi été mis en examen pour "atteinte à la liberté et à l'égalité d'accès aux marchés publics", "corruption passive par agent public", "abus d'autorité" et "complicité de détournement de fonds public".  Il a été placé sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction de se livrer à toute fonction en lien avec des entreprises de sécurité.