Traque de Salah Abdeslam : les quatre jours où tout a basculé

Un policier à Molenbeek, à Bruxelles, en Belgique, le 18 mars 2016.
Un policier à Molenbeek, à Bruxelles, en Belgique, le 18 mars 2016. © Aurore BELOT / BELGA / AFP
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Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris en fuite depuis plus de quatre mois, a été arrêté vendredi dans la commune bruxelloise de Molenbeek.

Sa traque s’est brusquement accélérée. Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris en fuite depuis plus de quatre mois, a été arrêté vendredi dans la commune bruxelloise de Molenbeek. C'est lors d'une perquisition de routine, qui s'est transformée mardi en spectaculaire intervention antiterroriste, que tout a basculé. Les enquêteurs franco-belges ont découvert l’empreinte digitale de Salah Abdeslam. Une découverte inespérée pour les policiers qui pensaient seulement réaliser de simples vérifications dans cet appartement qu’il pensait inhabité.

Une perquisition de routine, mais… Ce jour-là, en début d'après-midi, six policiers belges, accompagnés de deux Français de la section antiterroriste et de la sous-direction antiterroriste, visent un appartement de la commune résidentielle de Forest, à Bruxelles. Les unités en sont persuadées : ce logement servait de planque à des individus directement en lien avec les auteurs des attentats de Paris. Ils ont également la certitude que l’appartement était inoccupé depuis plusieurs semaines, en raison d’une absence de consommation d’eau et d’électricité.

Deux suspects en fuite. En réalité, trois individus se trouvaient à l'intérieur au moment de la perquisition, mardi. Quand ils ouvrent la porte, ils se font tirer dessus au fusil à pompe et à la kalachnikov. Quatre policiers sont blessés, dont une Française. Les forces spéciales belges arrivent alors en renfort. Durant cette opération, un homme est tué par un tireur d'élite des unités spéciales alors qu'il allait clairement ouvrir le feu sur la police.

Deux hommes, dont Salah Abdeslam, parviennent à prendre la fuite. Les opérations de police "se poursuivent" avec une "mobilisation maximale des policiers et des magistrats", déclare alors le Premier ministre belge Charles Michel. Il appelle "la population à rester calme". Un portrait-robot, probablement celui de l’ennemi public n°1, est réalisé par les enquêteurs.

Le portrait-robot de l'un des fugitifs, qui a pris la fuite après la perquisition mardi à Forest, à Bruxelles.

Le suspect tué identifié comme étant le logisticien des attentats. Le suspect tué, lui, est identifié comme étant Belkaïd Mohammed, plus connu sous la fausse identité de Samir Bouzir. Ce dernier est présenté comme étant l'un des deux logisticiens présumés des attentats de Paris. Il est suspecté d’avoir piloté à distance, et avec son complice Soufiane Kayal, les opérations terroristes ayant frappé Paris et Saint-Denis. La trace de Soufiane Kayal, un patronyme figurant sur une fausse carte d’identité belge, était, elle aussi, introuvable depuis les attentats.

L’empreinte de Salah Abdeslam découverte. Tout comme celle de Salah Abdeslam, suspecté d'avoir séjourné dans cet appartement loué juste après les attentats, où son empreinte digitale a été retrouvée sur un verre. Après sa fuite, l’homme le plus recherché d’Europe trouve refuge dans un appartement de la commune très populaire de Molenbeek, qu’il a arpentée durant toute son enfance.

Son arrestation précipitée. Selon les informations d’Europe 1, un coup de filet était prévu vendredi, à la nuit tombée, par souci de discrétion, et pour ménager l'effet de surprise. Sauf que tout a été chamboulé vendredi après-midi. Suite aux révélations de certains médias, qui ont annoncé vers 13h30 sur internet que les empreintes de Salah Abdeslam avaient été identifiées dans l'appartement de Forest, rien ne s'est passé comme prévu.

Pour les enquêteurs, plus question d'attendre, ils avancent l'opération et agissent en pleine journée, pour éviter de courir le risque d'une nouvelle fuite de Salah Abdeslam. C'est d’ailleurs ce qu'il a tenté de faire. Mais, dans sa fuite, les policiers lui ont tiré dessus, le touchant au genou. Et mettant fin ainsi à 126 jours de cavale.