Comment chasse-t-on le félin en ville ?

© Capture Facebook - Ville de Montevrain
  • Copié
Noémi Marois
TRAQUE - Un félin en liberté est toujours recherché vendredi en Seine-et-Marne. Comment s'organise la traque d'un tel félin dans un milieu urbain ?

C'est une course contre la montre qui est engagé par des policiers, des militaires et un hélicoptère équipé d'une caméra thermique. Alors qu'un animal en liberté est toujours recherché dans deux communes de Seine-et-Marne, Europe 1 vous présente comment peut s'organiser une chasse au félin en milieu urbain avec Ismail Costa, chef de brigade capture-cites (convention sur le commerce international des espèces en danger). 

>> LIRE AUSSI - Seine-et-Marne : l'animal recherché n'est pas un tigre

Le localiser, le voir, l'identifier. Le chef de brigade, interrogé par Europe 1, résume en quelques mots la traque : "Trouver des traces, sécuriser la zone, localiser l'animal, le voir, et l'identifier". Le maître-mot dans l'avance des chercheurs est le silence explique le spécialiste : "Les policiers doivent absolument avancer tranquillement et dans un silence complet". "D'où l'importance d'avoir l'habitude de faire ça et ça n'a rien à voir avec les battues qu'on peut effectuer dans le contexte de la chasse", ajoute-il. 

Ismail Costa souligne cependant que la tâche est complexe : "c'est une course contre la montre car il faut protéger le public, éviter un éventuel accident". "Mais tout en agissant vite, il faut garder son calme", explique-t-il. Il souligne l'importance d'avoir fait venir, en plus des policiers et gendarmes, des militaires sur le site, formés pour se déplacer en toute discrétion.

Ratissage ou cercles concentriques ? Sur la manière dont les policiers et les militaires doivent avancer, le chef de brigade ne tranche pas : "tout dépend du milieu". "Si le félin est recherché en milieu boisé, il y aura ratissage, c'est-à-dire avancé en ligne droite d'une équipe de 30 à 40 personnes". Mais si le milieu est fractionné (jardins, maisons, toutes…), les forces de l'ordre feront sans doute le choix du cercle concentrique avec de petites équipes de 3-4 personnes.

Probable qu'il soit abattu. "Soit on flèche l'animal avec un tranquillisant, soit on l'abat", explique Ismail Costa. Mais il privilégie la deuxième solution : "les produits censés l'endormir agissent sur un animal au repos et non sur un animal en pleine action. S'il est sur le point d'attaquer, le produit n'aura jamais le temps d'agir", explique-t-il à Europe 1. 

Par conséquent, si les gendarmes et les militaires trouvent le félin "remisé et calme", pourquoi pas l'endormir, admet le chef de brigade. Mais il est plus probable qu'il soit abattu car en milieu habité, la distance séparant les traqueurs du tigre risque d'être courte et le risque de se faire blesser plus important. Pour cela, la brigade Cites-capture est équipée en carabine mais pas de gros calibre. "Le gros calibre est utile si on tire à longue distance alors que dans ce cas, on a plutôt besoin d'une puissance d'arrêt forte sur courte distance". 

Une panthère énorme ? Non, juste un gros chat. Le chef de brigade a l'habitude des faux signalements, d'où l'importance de bien identifier l'animal avant de tirer ou de flécher. "La majorité des félins qu'on nous signale par téléphone se révéle être constitué de gros chats ou de chiens". Et il explique que des cas lions sont souvent rapportés… en réalité, de simples labrador. 

Parfois, sa brigade ne retrouve pas l'animal car il meurt de faim, se fait percuter par une voiture ou bien, se fait abattre par un chasseur qui ne le signale pas.

>> CARTE - Sur les traces du félin de Montévrain