Colonie en Ariège : l'expertise post-autopsie non concluante

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Noémi Marois avec Mélanie Gomes et AFP , modifié à
ENQUÊTE - Les examens ordonnés par la justice sur le petit garçon mort le 9 juillet n'ont rien donné. 

Une mort qui reste inexpliquée. "L'expertise n'a pas pu déterminer quelle était l'origine du décès" d'Abdelrazak, le garçon décédé le 9 juillet après un séjour dans la colonie du centre Saint-Bernard d'Ascou (Ariège), a déclaré Olivier Caracotch,  procureur de la République de Foix, lors d'une conférence de presse. L'expertise confirme les conclusions préliminaires selon lesquelles l'enfant est "probablement décédé des suites d'une infection massive". "Des lésions ont notamment été constatées sur le foie, l'estomac, le cœur et l’œsophage. L'expertise confirme aussi qu'il n'y aucune lésion apparente pré-existante qui puisse expliquer le décès", a-t-il ajouté.

Le procureur a précisé qu'"à ce stade, aucune responsabilité n'est engagée. Aujourd'hui, je ne cherche pas les responsabilités, je cherche les causes d'un décès".Il a annoncé que les examens avaient révélé "quelques lésions dont on cherche l'origine sur le cœur". "S'agit-il d'un virus, d'une bactérie? C'est trop tôt pour le dire", a-t-il dit.

L'enfant mal pris en charge ? Face à ces résultats, "Les parents d'Abdelrazak sont bien évidemment déçus", a déclaré l'avocat de la famille de la victime, Me Guillaume Bardon. Il souligne cependant que des questions restent en suspend sur "la prise en charge" de l'enfant malade par la colonie."Abdelrazak a commencé à avoir les premiers symptômes dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 juillet alors que la colonie avait parlé de premiers symptômes le mardi soir. Mais le centre n'a appelé les pompiers que le mercredi en fin de matinée. Est-ce qu'il a eu des soins dans l'intervalle?", s'est interrogé l'avocat.

Des parents désemparés. "Les responsables, il faut qu'ils payent et on veut la vérité", a expliqué à Europe 1 le père d'Abdelrazak, "Mon fils, il est parti en bonne santé. J'espère que l'enquête va rapidement découvrir la cause de son décès". "C'est difficile pour nous, on souffre, ça nous tue", a-t-il ajouté. 

Une nouvelle expertise prévue. Le parquet a décidé d'ordonner une nouvelle expertise, a annoncé le procureur de la République de Foix. Elle devrait prendre quelques semaines et a été confiée à l'Institut médico-légal de Toulouse. "La nouvelle expertise sera strictement médicale mais également contextuelle sur la chronologie de la symptomatologie", a confirmé Olivier Caracotch. 

Les locaux de la colonie déjà hors de cause. Les résultats de toutes les analyses de l'eau et des aliments du centre d'Ascou, rendus publics début août, sont "négatifs". En juillet dernier, les premières analyses de l'eau du centre de vacances pyrénéen avaient révélé la présence de bactéries mais qui "ne sont pas hautement pathogènes". La cause précise de l'infection digestive aigüe dont est décédé le jeune garçon reste donc inconnue. 

Des résultats pas si surprenant sur le plan médical. Une telle absence de réponse à l'issue de l'autopsie n'est pas, d'un point de vue médical, si surprenant qu'il n'y paraît. Les médecins légistes appellent cet état de faits "l'autopsie blanche" : un phénomène qui se produit souvent quand la cause du décès est infectieuse et particulièrement quand le sujet est un enfant. Le problème est qu'il est plus difficile de repérer un virus ou une bactérie sur une personne décédée que sur un patient en vie, comme l'explique au micro d'Europe 1 le docteur Marc Bernard , médecin légiste à l'hôpital de Marne-la-Vallée. "On va pouvoir réaliser tous les prélèvements biologiques, les hémocultures ect, qui sont plus délicats en post-mortem. Du fait de la transformation post-mortem, il y a une prolifération bactérienne et des problème de biologie qui sont un des obstacles majeurs", décrypte-t-il.

Ainsi, s'il est aujourd'hui avéré que l'enfant est mort des suites d'une infection généralisée, il reste impossible de dire si le virus ou la bactérie en cause, a pénétré dans l'organisme de l'enfant par un aliment, qu'il aurait par exemple consommé avant la colonie, par une blessure, ou encore s'il s'agit d'une infection pulmonaire. Et il n'est pas sur que la nouvelle expertise demandée par le parquet puisse apporter là encore cette réponse.