Cimetière juif de Sarre-Union : qui sont les jeunes profanateurs ?

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avec Frédéric Michel et Arthur Helmbacher , modifié à
Cinq adolescents ont été déférés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le cimetière juif profané à Sarre-Union, dans le Bas-Rhin. Ils se défendent de tout antisémitisme.

Les suspects semblent dépassés par les événements. Cinq adolescents ont été placés en garde à vue lundi dans le cadre de l'enquête sur le cimetière juif profané à Sarre-Union, dans le Bas-Rhin. Ils ont été déférés mercredi devant un juge en vue d'une éventuelle mise en examen dans l'après-midi. Ces mineurs, tous originaires de la région, voire du village, n’ont pas d’antécédent judiciaire. Et surtout, ils se défendent de tout antisémitisme, alors que la classe politique a unanimement dénoncé lundi "un acte odieux".

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Un rendez-vous donné sur Facebook ? Selon les Dernières nouvelles d'Alsace, les cinq jeunes gens se seraient donné rendez-vous via les réseaux sociaux, deux jours avant de passer à l'action, dans le but affiché d'"aller explorer quelques endroits abandonnés" tels que "maisons, manoirs, châteaux (ou) gares". Mais ce message sur Facebook, dont le journal régional a publié une capture d'écran, ne mentionnait ni l'idée d'un cimetière, ni une volonté particulière de viser un lieu juif.

Un mineur se dénonce à la gendarmerie. Lundi matin vers 10h15, un des jeunes hommes qui a participé à cette "expédition" s'est lui-même présenté à la gendarmerie de Sarre-Union pour se dénoncer "en disant qu'il avait participé aux faits". L’adolescent s’était confié un peu plus tôt à un ami "qui a eu le bon réflexe", a expliqué le procureur de la République, Philippe Vannier. Celui de lui conseiller de se dénoncer, ce qu'a fait le jeune homme.

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Il a alors "mis en cause d'autres garçons. Ils sont cinq au total, tous mineurs", a détaillé le procureur de la République.  Les suspects, parmi lesquels quatre habitent à Sarre-Union, ont donc été placés en garde à vue vers 14h45 et celle-ci s’est poursuivie toute la nuit. Durant les premières heures de leur audition, ils ont été interrogés séparément par les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, qui ont cherché à savoir ce qui a poussé ces garçons à saccager, pendant toute une après-midi, près de 250 stèles du cimetière juif de Sarre-Union.

Ils "considéraient le cimetière comme étant abandonné". Et selon leurs premières déclarations, les adolescents ne semblaient pas avoir conscience de la gravité de leur acte. "On ne connait pas les motivations de ces adolescents, qui n'ont pas d'antécédent judiciaire, dont on ne connaissait pas jusqu'alors des convictions idéologiques qui pourraient expliquer leur comportement", détaille le procureur.

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Les adolescents se défendent en effet de tout antisémitisme. Ils affirment s'être "rendu compte qu'il s'agissait de tombes juives" au moment des faits et qu'ils "considéraient le cimetière comme étant abandonné", a-t-il ajouté. D’ailleurs, aucune inscription n’a été retrouvée sur les tombes de ce cimetière isolé des habitations par un pont enjambant une voie de chemin de fer. La plupart des dégradations sont des renversements de stèles ou des arrachages de colonnes et quelques caveaux ont également été ouverts sans qu'il ne soit porté atteinte aux défunts", a précisé le parquet. Un monument dédié aux victimes de la déportation, qui se trouve à l'entrée du cimetière, a également été détérioré.

"Impressionnés par la mesure de garde à vue". Si les peines sont moins lourdes pour des mineurs, ces actes de vandalisme pourraient tout de même leur coûter trois ans et demi à sept ans de prison. Mais, pour l’heure, les jeunes hommes semblent dépassés par l’ampleur de leurs actes. "Ce sont des jeunes qui sont très choqués de la tournure des événements. Les déclarations qui ont été faites par les plus hautes autorités de l'Etat. Ils sont impressionnés par la mesure de garde à vue dont ils font l'objet", confie Philippe Vannier. Après avoir été longuement entendu seuls, les cinq suspects devraient être confrontés dans la matinée de mardi.

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"Choqué et dégoûté". Dans la commune de Sarre-Union, les habitants ont du mal à croire à l’argument du cimetière abandonné, avancé par les adolescents. "C'est malheureux pour les parents, parce que ce sont les parents qui vont subir, alors que ce sont les gamins sont fautifs. A 17 ans, on réfléchi autrement. Tout le monde fait des erreurs, mais on ne fait pas des choses comme ça sur un cimetière, surtout pas", estime une mère de famille de la commune de 3.000 habitants.

Au lycée de Sarre-Union, où sont scolarisés trois des cinq suspects, c’est la sidération. "On est outré de cet acte. C'est des gens que l'on croise peut-être tous les jours, on ne voit pas en eux des gens capables de faire ça. Ça m'a choqué et dégouté", commente un adolescent.