Christopher : la colère d’une éducatrice

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avec François Coulon , modifié à
- Marie, qui s’occupait du garçon décédé, a beaucoup alerté. En vain.

Près de 200 personnes ont participé dimanche à une marche silencieuse en hommage à Christopher, 9 ans, retrouvé noyé dans la rivière Eure, le 12 novembre, quinze jours après sa disparition fin octobre du centre départemental de l'enfance à Champhol. Dans cette affaire, les services sociaux sont montrés du doigt. Marie, éducatrice au centre de l’enfance de Champhol, a accepté de témoigner sur Europe 1. Elle dénonce les lacunes de l'institution.

"C'est un échec, c'est insupportable", confie-t-elle :

Coups, morsures, fugues

Marie s’occupait de Christopher depuis 3 ans. Ces derniers mois, le petit garçon était devenu très agressif. Il assénait des coups et infligeaient des morsures aux autre enfants, mais aussi sur des adultes. Sans compter la multiplication des fugues, une dizaine en quelques semaines. Marie n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme, y compris auprès de son plus haut supérieur hiérarchique.

"Je lui ai dit ma colère que Christopher soit sans suivi pédopsychiatrique", raconte-telle au micro d’Europe 1. "Je me rappelle lui avoir dit : "on attend quoi ? Les fugues se multiplient, on se dirige vers un coup dur". Ces derniers temps, il n’y avait pas une semaine où l’on n’insistait pas lourdement sur le fait qu’on était très inquiets. Je me dis que j’ai été trop patiente peut-être. Par rapport aux lenteurs, c’est décourageant."

"Je trouve ça insupportable"

L’éducatrice ne parvient pas à retrouver son calme. "C’est vrai que je suis en colère. Je suis amère, je ne comprends pas. C’est difficile pour moi de travailler aujourd’hui dans l’établissement. Pour moi, c’est un échec, c’est intolérable. Je trouve ça insupportable."

Depuis dix jours, Marie ne va pas bien. Elle est rongée par la culpabilité de ne pas avoir frappé assez fort pour faire voler en éclat un système et ses lenteurs, responsables de la mort d’un garçonnet de neuf ans.