Chiffres de la délinquance : un nouvel outil statistique dévoilé

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M.-A.B. avec AFP , modifié à
Cet outil d'étude des chiffres de la délinquance a pour but de mettre un terme aux polémiques accompagnant chaque publication de ces données. 

Le gouvernement a dévoilé lundi un nouvel outil statistique de la délinquance, promis en 2012 par Manuel Valls, dans le but affiché de faire taire les polémiques récurrentes. Objectif de cet outil : renforcer la "fiabilité" des chiffres et en éviter les manipulations. Le gouvernement a confié les rênes à un inspecteur général de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), François Clanché. Les premiers chiffres tirés de ce nouvel outil ont été publiés sur InterStats le dédié sur la plateforme du ministère de l'Intérieur mardi.

LE CONTEXTE. En septembre 2014, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a installé place Beauvau le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) promis en 2012 par son prédécesseur Manuel Valls. Il s'agissait selon eux de mettre fin à la "politique du chiffre" qu'ils imputaient au précédent gouvernement de droite et aux "manipulations" des données de la délinquance. Le gouvernement était alors régulièrement attaqué sur son bilan par l'opposition à l'occasion de la publication officielle des chiffres.

Bernard Cazeneuve avait promis de "moderniser" la publication des chiffres toujours basée sur "l'état 4001", l'outil statistique très ancien classifiant les infractions en zones police et gendarmerie, sur plus d'une centaine d'agrégats, à partir des plaintes reçues. Le ministre avait décidé, pour la première fois, d'intégrer les chiffres "dans le champ labellisé de la statistique publique". Le SSMSI a pour mission de "garantir la sincérité" et la "fiabilité de la production des données statistiques" de son ministère comme ce qui est fait couramment pour celles de la dette publique de la France ou du chômage.

"Neuf domaines" de données. Les statisticiens du ministère de l'Intérieur ont décidé de ne retenir que les données leur paraissant "significatives" dans la délinquance. "Neuf domaines" ont ainsi été figés, parmi lesquels les homicides, les vols (avec armes, violents sans armes, sans violence contre des personnes, de véhicules, dans des véhicules ou d'accessoires de véhicules), les coups et blessures volontaires qui couvrent "85% des vols et 75% des atteintes aux personnes". S'ajoutent les cambriolages dans les logements qui ont connu ces dernières années une envolée et contre lesquels le gouvernement a lancé un plan qui a fait baisser leur nombre, selon le gouvernement.

La comparaison se fera mois après mois, et aussi année après année. Les tendances de ces phénomènes, qui sont "saisonniers", seront également analysées, a expliqué François Clanché. Le statisticien a insisté sur le fait que la "délinquance enregistrée" par policiers et gendarmes "n'est pas l'insécurité vécue".

Le nombre de viols absents de l'outil. Interrogé sur le fait que les viols par exemple n'ont pas été retenus dans cet outil et que de nombreux agrégats ont disparu, François Clanché a relevé que seules 5% des victimes portent réellement plainte pour les premiers. "On ne cache rien du tout", a-t-il assuré par avance en réponse à d'éventuelles critiques.

Le statisticien renvoie aux enquêtes de "victimisation" réalisées depuis 2007 auprès des Français, sur leur ressenti de la délinquance, par l'Insee et l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ainsi qu'au site Data.gouv ou l'ensemble des statistiques sont publiées chaque mois. Il promet ainsi la "transparence" et "l'indépendance".

Les premiers chiffres d'InterStats  

En septembre, sur les trois derniers mois de 2015 par rapport à la même période de 2014, les homicides volontaires sont en baisse de plus de 18% mais les vols avec armes à feu ou couteaux sont en hausse de plus de 10%. Les vols violents, sans armes, sont aussi en légère hausse (+ 3,9%) tout comme les cambriolages de logements (+ 3%). Les vols de et dans les véhicules sont également en légère hausse d'environ 2%.

Sur les douze derniers mois, par rapport à 2014, les vols avec armes étaient en diminution de près de 16%, tout comme les homicides (- 7,3%) et les cambriolages de logements (- 4,4%), selon ce même bilan mensuel.