Castorama soupçonné d'espionnage

La CFDT accuse un magasin bordelais d'avoir embauché un "agent double" et a porté plainte.
La CFDT accuse un magasin bordelais d'avoir embauché un "agent double" et a porté plainte. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
La CFDT accuse un magasin bordelais d'avoir embauché un "agent double" et a porté plainte.

La plainte. La CFDT a annoncé vendredi avoir porté plainte contre un magasin Castorama de la région bordelaise. Le syndicat accuse la direction de cette enseigne d'avoir espionné ses employés pendant quatre mois. Il assure, preuves à l'appui, qu'un salarié d'une société spécialisée dans "l'identification  des dysfonctionnements" des entreprises avait été embauché pour tester l'honnêteté des vendeurs.

La taupe. C'est en fait un salarié d'une entreprise spécialisée dans les "audits internes" et les conseils aux entreprises, la Sipic (Société d'investigation et de protection industrielle et commerciale), qui aurait été embauché par Castorama. Il aurait travaillé comme logisticien, de décembre 2011 à mars 2012, en CDD. Durant quatre mois, il aurait été affecté à différents rayons du magasin de Villenave-d'Ornon et aurait ainsi côtoyé une grande partie des employés.

Selon une source syndicale à Villenave-d'Ornon, la révélation des faits "va être un traumatisme pour les salariés" qui, selon cette source, ne se sont doutés de rien et n'étaient pas courant de la procédure, gardée secrète par la CFDT jusqu'au dépôt de la plainte.

Une "méthodologie" pernicieuse. Jour après jour, cet employé aurait tenté de savoir si ses collègues étaient des adeptes du vol. Dans sa plainte, la CFDT assure que ses comptes-rendus montrent que l'agent en question "a procédé à des provocations répétées pour que des salariés commettent des vols, soient complices de vols ou, à tout le moins, admettent qu'ils commettaient des vols". "J'ai effectué de très nombreuses tentatives pour les faire parler, en élaborant différentes stratégies, et en me créant des opportunités pour en savoir un peu plus sur chacun d'eux", écrit ainsi la "taupe" dans un rapport, selon Sud Ouest. D'après le journal, il aurait ainsi assuré avoir besoin de carrelage pour des travaux chez lui. Pour mieux pousser au crime.

Aucun des employés du magasin, provoqués par ce collègue pas comme les autres, ne serait cependant passé à l'acte, assure Sud Ouest. Néanmoins, les rapports, qui citent nommément les employés, laissent planer des doutes. L'un "n'a pas voulu me dévoiler son jeu, et je n'ai donc pas pu confirmer les soupçons qui pèsent sur lui", écrit ainsi la "taupe". Pour un autre, "les sous-entendus m'ont fait comprendre qu'il sait sortir des produits".

Des rapports illégaux. Pour la CFDT, ces rapports constituent une "collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal et illicite" et un "traitement de données à caractère personnel sans respect des formalités prévues par la loi", interdits par le Code pénal. Des faits punis de cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende, selon le syndicat.

Les explications de Castorama. La direction du groupe a confirmé lundi qu'un audit externe avait été réalisé dans un de ses magasins de la banlieue de Bordeaux, mais démenti que celui-ci ait visé la vie privée de ses collaborateurs. Le groupe indique avoir "découvert par voie de presse le dépôt de plainte contre X de la CFDT au Procureur de la République de Bordeaux, relatif aux conditions de déroulement d'un audit externe diligenté par l'ancien directeur du magasin de Villenave d'Ornon, de fin 2011 à début 2012". Castorama reconnaît qu'un tel audit "a bien été confié à une société spécialisée, suite à une démarque inconnue (vols, ndlr) anormalement élevée sur ce magasin". Il précise qu'il "avait pour but de vérifier, in situ, la fiabilité des procédures internes et d'identifier les éventuels dysfonctionnements dans les contrôles".

Un précédent. En 2009, un autre magasin Castorama avait été condamné pour s'être procuré, via une société de sécurité, les fiches Stic (qui recensent les informations sur les personnes interpellées, mais aussi sur les victimes) de plusieurs salariés.