Carlton : les protagonistes de l'affaire

Depuis le début de cette affaire, qui a éclaté courant octobre, cinq personnes ont été mises en examens.
Depuis le début de cette affaire, qui a éclaté courant octobre, cinq personnes ont été mises en examens. © Reuters
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Policier, avocat, homme politique, entrepreneur : Europe1.fr fait le point sur les acteurs du dossier.

Depuis plusieurs semaines déjà, une affaire de proxénétisme partie de Lille, et de l'un de ses hôtels les plus connus, le Carlton, secoue les milieux de la police, de la politique et le monde des affaires. Qui en sont les protagonistes ? Europe1.fr fait le point.

Le commissaire Jean-Christophe Lagarde. Jean-Christophe Lagarde, 47 ans, a été mis en examen vendredi pour proxénétisme aggravé et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Non seulement il aurait, avec ses collègues, profité de prestations sexuelles tarifiées, mais ce policier de haut rang est donc aussi présenté comme l'organisateur de soirées très spéciales.

La descente de l'IGPN, jeudi dans les locaux de la police lilloise, a provoqué un choc parmi les agents : Jean-Christophe Lagarde est très apprécié par ses troupes. Après des débuts aux Stup' de Paris puis de Lyon, dans le sillage d'un certain Michel Neyret, il arrive à Lille en 2006 et "n'hésite pas à mouiller le maillot" sur le terrain, dixit ses troupes.

Avant sa garde à vue, Jean-Christophe Lagarde a fait savoir mardi par ses avocats qu'il n'a commis "aucune infraction pénale" et dénonce "une atteinte portée à son honneur".

L'ancien chef d'une brigade des moeurs Denis Gumez. Le policier en garde à vue depuis le 24 novembre par l'Inspection générale de la police nationale, a occupé les fonctions de responsable de la lutte contre le proxénétisme à la sûreté urbaine de Lille. Il occupe actuellement d'autres fonctions au sein de la police lilloise. Il est interrogé sur ses relations avec les acteurs de ce dossier et notamment avec deux responsables de l'hôtel lillois mis en examen pour proxénétisme aggravé.   

Le proxénète belge "Dodo la Saumure". Dominique Alderweireld, surnommé "Dodo la saumure", a été interpellé par la police belge le 1er octobre et incarcéré depuis. Il proposait ses filles aux clients du Carlton, par l'intermédiaire du chargé de relations extérieures de l'hôtel.

René Kojfer, le chargé des relations publiques de l'hôtel. René Kojfer, le chargé de relations publiques du Carlton, qui dit connaître le tout-Lille, serait un indic de la police lilloise. Il est soupçonné d'avoir recruté des prostituées par l'intermédiaire du proxénète belge, propriétaire de plusieurs "salons de massage" outre-Quiévrin. René Kojfer, qui a en partie reconnu les faits, a été mis en examen et écroué pour "proxénétisme aggravé en bande organisée".

L'avocat Emmanuel Riglaire. Ce ténor du barreau de Lille est soupçonné d'avoir présenté une fille au proxénète belge pour qu'elle se prostitue dans ses bars. Il aurait en retour touché des enveloppes d'argent de Dodo, par l'intermédiaire du chargé de relations extérieures du Carlton. Mis en examen la semaine dernière pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et "association de malfaiteurs", il est le seul à être ressorti libre du tribunal. "Je vous jure que je ne suis pas un proxénète", a-t-il lancé à sa sortie du tribunal.

L'entrepreneur David Roquet. Directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage, qui l'a depuis mis à pied, il aurait été en contact avec DSK. Lors de sa garde à vue, il a affirmé avoir fait passer la moitié de ces soirées libertines en notes de frais. Le reste était pris en charge par une société d’évènementiel gérée par la compagne d’un autre chef d’entreprise, amateur lui aussi de soirées. Eiffage a indiqué qu'il se "réservait d'utiliser toutes les voies de droit pour faire en sorte que son image ne soit pas mise en cause au titre d'actes individuels qu'il condamne fermement".

L'entrepreneur Fabrice Paszhowski. Mis en examen pourproxénétisme aggravé et écroué dans ce dossier, cet entrepreneur lillois aurait fourni un téléphone portable à l'ancien patron du FMI pour organiser des parties fines. Pendant trois mois, le patron de la société de distribution de matériel médical Médicalis, à Lens, aurait donc fourni des prostituées à Dominique Strauss-Kahn.

La femme d'affaires Virginie Dufour.C'est la première femme mise en examen dans cette affaire. Virginie Dufour, qui dirige une société d'événementiel, aurait organisé et financé des voyages à Paris et à New York avec des prostituées entre décembre 2010 et mai 2011. Son ancien compagnon a lui aussi été déféré vendredi après-midi.

Le propriétaire et le directeur du Carlton. Hervé Franchois et Francis Henrion ont été mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et écroués la semaine dernière.

Les deux hommes sont notamment soupçonnés d'avoir proposé les services de prostituées au sein de leur hôtel. Ils avaient été interpellés le 4 octobre dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en mars par le parquet de Lille pour des faits de proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment.

Mais pour Maître Frank Berton, l’avocat du directeur de l’hôtel, il apparaît "évident qu'il s'agit d'une pression qui est organisée par ceux qui, à mon avis, dans les jours à venir, auraient (...) à s'expliquer sur leurs liens dans ce dossier ".

Mounia, Florence et Jade, les prostituées. Entendues en octobre par les enquêteurs, les deux jeunes femmes ont décri un réseau très organisé. Mounia affirme avoir rencontré Dominique Strauss-Kahn au printemps 2010, dans un palace parisien. Partie civile dans cette affaire depuis le 24 octobre, l'ancienne prostituées qualifie l'ancien directeur du FMI de "brusque" lors de leurs relations tarifées.

Florence, escort-girl "occasionnelle" a explique avoir eu onze rencontres "libertines" échelonnées sur six ans avec DSK. Des rencontres systématiquement réglées en liquide par Fabrice Paszhowski. 

Jade s'est également constituée portée partie civile dans le dossier. Elle avait raconté dans le quotidien régional Nord Eclair avoir rencontré l'ex-patron du FMI à l'hôtel Murano à Paris en 2009, ainsi qu'en 2010 lors d'un voyage à Washington. Elle aurait aussi accompagné DSK dans un club échangiste belge.