Carlos renvoyé aux assises : que sait-on de l’attentat du drugstore ?

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avec AFP , modifié à
40 ans après les faits, le terroriste, déjà condamné pour quatre attentats, va à nouveau comparaître devant la cour d’assises.

Déjà condamné deux fois à perpétuité en France, le terroriste Carlos va une nouvelle fois comparaître devant la justice pour l'attentat du drugstore Publicis du boulevard Saint-Germain à Paris. Cette affaire, vieille de quarante ans, est connue pour ses multiples rebondissements judiciaires. Europe 1 vous résume tout.

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Une grenade et deux morts. Le 15 septembre 1974, une grenade est lancée dans la galerie du Drugstore Publicis, à Paris. L’attaque a lieu à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de Rennes, un quartier chic et prisé des touristes. Bilan : deux morts et 34 blessés. A l’époque, l’incompréhension règne du côté des enquêteurs, qui se demandent même si l’une des victimes n’est pas à l’origine de l’attaque. Après cinq ans d’enquête infructueuse, Carlos sort de son silence et reconnaît, dans une interview publiée dans le magazine Al Watan, être l’auteur de cette attaque à la grenade.

Un reportage tourné le jour de l'attaque :

Carlos s’accuse… et se rétracte. Mais, interrogé au cours de l'instruction, il conteste l’existence même de son entretien au magazine. Mais pour la juge Duyé, en charge de l’enquête, Carlos est bel et bien l’homme qui a jeté la grenade  dans l’enceinte du Drugstore. Selon elle, cet attentat s'inscrivait dans le contexte d'une prise d'otages alors en cours à l'ambassade de France à La Haye. Un commando de l'Armée rouge japonaise, une émanation du Front populaire de libération de la Palestine, exigeait notamment la libération d'un de ses membres interpellé à Paris deux mois plus tôt.

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© REUTERS/RTV/Thierry Chiarello

Des éléments contre lui… mais deux non-lieux. Carlos, qui était selon la magistrate impliqué dans la planification de cette prise d'otages, aurait pris l'initiative de commettre lui-même l'attentat du drugstore en raison des réticences du gouvernement français à satisfaire certaines demandes du commando japonais. Elle appuie notamment son accusation sur le récit publié par Al Watan Al-Arabi et sur des déclarations de l'ancien révolutionnaire allemand Hans-Joachim Klein. Enfin, pour la magistrate, la preuve accablante de l’implication de Carlos repose sur le fait que la grenade utilisée contre le drugstore provenait du même lot volé en 1972 dans un camp militaire que celles dont étaient munis les preneurs d'otages de La Haye. Et que celle découverte à Paris chez une maîtresse de Carlos. Malgré ces éléments à charges contre lui, Ilich Ramirez Sanchez de son vrai nom, bénéficie d’un non-lieu en 1983.

L’enquête est finalement rouverte en 1995 après l'arrestation de Carlos en France. Le 22 février, il est mis en examen par le juge Jean-Louis Bruguière. Mais le 15 janvier 1999, nouveau rebondissement, nouveau non-lieu. La justice estime que, 24 ans après les faits, aucune charge suffisante ne peut être retenue contre lui.

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L'attaque du drugstore, dans laquelle Carlos est suspecté, en 1974.

© Capture Ina

Dix ans d’enquête, et finalement, le procès. La Cour de cassation annule cette décision en décembre, à la suite d’un pourvoi introduit par l'association SOS-Attentats. Depuis, deux juges d’instruction - Jeanne Duyé et Gilbert Thiel - ont pris ce dossier à bras le corps. Jusqu'à aller au Japon, avait révélé l'Express, pour interroger d’anciens activistes ayant côtoyé Carlos à l’époque de l’attentat. Voilà comment, quarante ans après les faits, la justice vient de boucler cette instruction pour enfin déboucher sur un procès, très attendu par les victimes et leurs proches.