Bygmalion : ce que Sarkozy a dit aux juges

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Alain Acco avec G.S. , modifié à
Europe 1 a pu consulter le procès verbal de l'audition de Nicolas Sarkozy mardi, dans le cadre du financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012. 

Comment Nicolas Sarkozy s'est-il défendu devant les juges, mardi lors de son audition ? L'ancien chef de l'Etat a été mis en examen pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans l'enquête sur les fausses factures de la société Bygmalion et les comptes de sa campagne. Europe 1 a a pu consulter le procès verbal et vous résume les arguments de l'ancien chef de l'Etat.

67 questions. Nicolas Sarkozy se défend de tout dérapage. "Je conteste avec la dernière énergie ce qui m'est imputé aujourd'hui et j'ai bien l'intention de répondre à toutes les questions qui me seront posées", a-t-il déclaré au tout début de l'entretien avec les juges, qui durera plus de onze heures. Des questions, il y en a eu beaucoup : 67 en tout, relatées dans un procès verbal de 34 pages. Face à elles, Nicolas Sarkozy alterne les réponses longues et précises sur les chiffres officiels de sa campagne, avec des réponses plus évasives.

"Facialement parlant, il n'y avait pas d'anomalie". Son principal argument : il ne "comprend pas", il ne "voit pas" comment sa campagne aurait pu coûter aussi cher que le soupçonne la justice (deux fois plus que les 22,5 millions autorisées par la loi, Ndlr). "Je n'ai rien fait de plus ou de moins que pendant la campagne de 2007", martèle le président du parti Les Républicains. Mêmes salles, mêmes meetings, mêmes déplacements, mêmes avions, assure-t-il. Nicolas Sarkozy emploie d'ailleurs une expression particulière pour indiquer que lui, quand il était sur scène, il n'a pas vu la différence entre 2007 et 2012 : "facialement parlant, il n'y avait pas d'anomalie".

"Amalgame". Pourquoi, malgré les mises en garde de son directeur de campagne, a-t-il tout de même demandé à faire une réunion publique par jour ? Pourquoi a-t-il fait 44 meetings ? Nicolas Sarkozy répond qu'il y a un "amalgame" entre les trois grands meetings nationaux, la quinzaine de meetings régionaux et la multitude de petites réunions publiques qu'il a pu faire ici où là. "Petites réunions" qui, même facturées par Bygmalion, ne coûtaient pas si cher que ça, assure-t-il.

Les coupables ? Bygmalion et les comptables. En clair, s'il s'avérait qu'il y avait bien eu des sommes astronomiques dépensées, elles ne l'ont pas été au profit de la campagne. Pour lui, il y a clairement eu "une volonté de détourner de l'argent" dans l'affaire des fausses factures. Nicolas Sarkozy rejette la responsabilité sur les gens de Bygmalion, la société d’événementiel qui organisait une partie des meetings. Nicolas Sarkozy insiste d'ailleurs beaucoup sur le fait que les patrons étaient des proches de Jean-François Copé. Suivez son regard... Enfin, l'ancien président de la République pointe du doigt les experts comptables, qui étaient responsables des comptes. Il le martèle : ce n'était pas à lui de "contrôler les 46 cartons de factures". Il insiste ainsi sur la volonté de détournement de fonds des uns, et la "légèreté ou l'incompétence" des autres.