Burqa : le contrôle vire à l'émeute

Les forces de l'ordre voulaient contrôler une femme en niqab à Marseille, le quartier s'est enflammé.
Les forces de l'ordre voulaient contrôler une femme en niqab à Marseille, le quartier s'est enflammé. © MAX PPP
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Nathalie Chevance, à Marseille, et , modifié à
Les forces de l'ordre voulaient contrôler une femme en niqab à Marseille, le quartier s'est enflammé.

La soirée a été chaude mardi sur le boulevard National de Marseille. Alors que les policiers tentaient de contrôler l'identité d'une femme qui portait un niqab, les passants se sont interposés. Le ton est monté et un début d'émeute a éclaté. Plusieurs personnes ont été brièvement interpellées. Mais la justice n'a, pour l'instant, pas donné suite.

Un contrôle d'identité à cause du niqab

Il est un peu plus de minuit, quand Louise-Marie, une jeune fille de 19 ans, se promène seule, en niqab sur cette artère de la cité phocéenne. Une patrouille de police secours s'approche pour la contrôler mais la jeune femme se met alors à crier.

Alertées par le bruit, une cinquantaine de personnes déboulent rapidement et encerclent les deux policiers. Le ton monte alors, des insultes fusent et des coups partent. Les policiers en patrouille sont obligés d'appeler du renfort. L'une des policiers arrivés sur place tente d'interpeller la jeune fille, mais cette dernière la mord au bras. Au total, trois fonctionnaires de police ont été blessés.

Un coup de fil inattendu du parquet

Les policiers procèdent alors à quatre interpellations et la soirée se poursuit au commissariat. Mais contre toute attente, un coup de fil du parquet met fin à la procédure. Les quatre interpellés sont relâchés.

Les policiers se disent outrés par cette décision. "Cette dame dit qu'elle ne se soumettra pas aux lois de la République, qu'elle s'assoit dessus. Ce qui nous choque, c'est l'inversion des rôles. Nos collègues peuvent-ils se faire violenter avec carte blanche du parquet ?", demande sur Europe 1 David-Olivier Reverdy, secrétaire régional du syndicat Alliance. Pour lui, la décision du magistrat "donne un blanc-seing à ces délinquants potentiels et un signal à la voie publique qu'on peut s'en prendre impunément aux forces de l'ordre parce qu'on ne risque pas grand chose."

Un geste d'apaisement pendant le ramadan

Du côté du parquet, on explique que la décision était avant tout un geste d'apaisement en période de ramadan. On précise que les quatre interpellés pourront d'ailleurs être convoqués plus tard pour s'expliquer. Le parquet a par ailleurs demandé l'ouverture d'une enquête sur l'incident et le comportement des policiers.