Bugaled : la thèse du sous-marin s'éloigne

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avec agences , modifié à
Deux expertises en ce sens ont été versées au dossier d'instruction, a-t-on appris vendredi.

L'info. Saura-t-on un jour pourquoi le chalutier breton Bugaled Breizh a fait naufrage le 15 janvier 2004, au large de la Grande-Bretagne ? La thèse de l'implication d'un sous-marin, défendue par les familles des victimes, semble s'éloigner depuis vendredi après la révélation par le parquet du contenu de deux expertises versées au dossier d'instruction.

Les arguments des experts. La procureure de Nantes, Brigitte Lamy, a précisé que la première expertise portait sur la présence de titane relevée sur les funes (câbles) du chalutier, considérée comme "pas significative de l'implication d'un sous-marin". "En dehors de deux sous-marins russes conçus dans les années 1960, le revêtement extérieur des sous-marins (...) est exempt de toute forme de titane, lequel n'entre qu'en très faible proportion dans les sous-couches de peinture", écrit Brigitte Lamy. La seconde expertise établit quant à elle que le sous-marin britannique le Turbulent, mis en cause dans le naufrage, était "bien à quai" ce jour-là, a relaté Brigitte Lamy.

Or ces deux expertises étaient attendues depuis plusieurs mois par les familles des victimes. Celles-ci sont convaincues de l'implication d'un sous-marin dans le naufrage brutal du chalutier, resté inexpliqué, qui s'est produit dans une zone où se déroulaient au même moment des manoeuvres militaires de l'Otan et de la Marine Britannique. Les familles pensent de ce fait que la révélation de la vérité est entravée par le secret-défense.

La thèse du sous-marin, les familles y croyaient. Après plusieurs années d'enquête, en juillet 2008, les juges quimpérois alors en charge du dossier --avant que le tribunal de Quimper ne perde son pôle d'instruction-- avaient estimé "hautement probable" l'hypothèse d'une collision avec un sous-marin nucléaire d'attaque. Le fils d'un marin du Bugaled Breizh réclamait quant à lui la mise en examen pour "homicide involontaire" du commandant du "Turbulent" sur la base d'indices "graves et concordants". "Un témoin français, désirant garder l'anonymat pour le moment, m'a dit avoir rencontré récemment le commandant Coles", avait déclaré en juillet 2011 Thierry Lemétayer, dont le père Georges était le mécanicien du chalutier. "Celui-ci lui a affirmé que son sous-marin 'Turbulent' avait accroché les câbles du chalut du Bugaled Breizh et l'avait fait couler à très grande vitesse."