Brétigny : la SNCF dénonce les "incohérences" des experts

Image de la catastrophe de Brétigny (1280x640) KENZO TRIBOUILLARD / AFP
En juillet 2013, le déraillement de ce train Paris-Limoges avait fait sept morts et des centaines de blessés. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon le rapport d'expertise mis en cause par la SNCF, "une surveillance efficace aurait sans doute permis" d'éviter la catastrophe, qui avait fait sept morts.

La SNCF dénonce des "incohérences" dans l'expertise sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny remise en janvier aux juges, à qui elle demande de nouvelles analyses, évoquant désormais un déraillement "imprévisible", selon un courrier transmis à la justice, et consulté mercredi. "Le scénario des experts judiciaires (...) fait apparaître un certain nombre d'incohérences et de carences", affirme dans cette lettre du 29 février l'avocat de la SNCF, maître Emmanuel Marsigny.

Selon le rapport d'expertise mis en cause, "une surveillance efficace aurait sans doute permis" d'éviter la catastrophe, qui avait fait sept morts et des dizaines de blessés le 12 juillet 2013. A l'origine de l'accident, selon les experts, le désassemblage progressif d'un bout de voie ferrée, un aiguillage de pièces complexe, qui n'avait "pas fait l'objet de mesures de surveillance et de remise en l'état adaptées". Une éclisse, sorte de grosse agrafe sur cet aiguillage, sur laquelle une fissure avait été détectée en 2008 et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés, avait alors pivoté, provoquant l'accident.

La SNCF réfute les conclusions de l'expertise. Dans son courrier, la SNCF remet d'abord en cause "la qualité" de ce rapport, évoquant "des raisonnements incomplets", "des erreurs" ainsi qu'"un scénario" qui "ne repose que sur des hypothèses inexactes et des explications inabouties ou contestables". Elle réfute ensuite point par point les conclusions de l'expertise, étayant son propos par des exemples concrets et très techniques. "Le déraillement du 12 juillet 2013, qui reste inexpliqué, est un événement inédit, imprévisible et exceptionnel", affirme dans sa lettre la compagnie ferroviaire.

La fissure au centre des débats. Au cœur de son argumentation, "la vitesse" de progression de la fissure découverte en 2008 : "lente" et consécutive au défaut de maintenance, selon les experts, ce qui incriminerait la SNCF; "rapide", avance l'entreprise, hypothèse qui aurait plutôt tendance à la réhabiliter. Elle réclame aux juges un nouveau complément d'expertise, afin de déterminer si "des anomalies métallurgiques" peuvent être détectées sur certaines pièces, ce qui expliquerait leur détérioration rapide.

SNCF et RFF mises en examen. Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.