Bordeaux : la psychose des noyades

La série de noyades de jeunes Bordelais, liées à l'alcoolisation excessive, pousse à la psychose dans la cité girondine.
La série de noyades de jeunes Bordelais, liées à l'alcoolisation excessive, pousse à la psychose dans la cité girondine. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Après la mort de cinq jeunes dans des circonstances similaires, l’inquiétude se répand.

S’est-il noyé dans la Garonne ? C’est la question qui revient à la moindre disparition ces derniers temps à Bordeaux. Et pour cause, en l’espace de dix mois, cinq cadavres ont été repêchés dans le fleuve qui traverse la cité girondine. Le dernier en date remonte à mercredi soir, où le corps de Julien Teyssier, âgé de 25 ans, a été retrouvé dans le fleuve. Le jeune homme était porté disparu fin avril après une soirée entre amis.

 Cette série noire est source de psychose parmi les étudiants et pousse les autorités à prendre des mesures pour mettre un terme à ces drames liés à la consommation d’alcool.

La moindre disparition suscite l’inquiétude

Preuve du climat d’inquiétude qui traverse la ville, l’annonce d'une nouvelle disparition s'est répandue comme une traînée de poudre vendredi. Il s’agissait encore d’un jeune homme disparu après une soirée arrosée. Des témoins affirmaient l'avoir vu déambuler sur un quai bordelais, au bord de la Garonne. D'autres assuraient encore qu'il avait chuté dans le fleuve, comme le révèle le journal Sud Ouest. Finalement, le jeune homme recherché a pu être joint par téléphone. Il était...dans son lit, avec une sévère gueule de bois.  Mais, avant que le pseudo-disparu ne soit retrouvé, la panique est montée.

Le même phénomène est survenu mardi dernier lorsqu'une jeune femme a signalé la disparition de son compagnon après une soirée festive. Celui-ci a finalement été retrouvé chez une connaissance quelques heures plus tard. Non sans avoir semé la panique chez ses proches qui avaient déjà mobilisé les forces de l’ordre pour le retrouver.

Des mesures pour éviter de tels drames

A chaque fois, les ingrédients des drames sont les mêmes. Une population jeune, une alcoolisation excessive et une proximité de la Garonne. Face à ce constat, les autorités ont décidé de réagir. La municipalité bordelaise a ainsi pris un arrêté le 27 février dernier  pour interdire, sur le secteur des quais, "le transport et la consommation d'alcool en réunion sur la voie publique, lorsqu'il est de nature à porter atteinte à l'ordre public, à la commodité du passage dans les rues, à l'hygiène et la salubrité publique". L’objectif est clair : limiter les excès de boisson sur les quais de la Garonne, très prisés des jeunes quand les beaux jours arrivent.

"Nous agissons depuis des années en étroite collaboration avec la police sur les deux fronts absolument indispensables" de la prévention et de la répression, a souligné vendredi Alain Juppé, le maire de Bordeaux. "Il faut marcher sur deux pieds" dans la lutte contre la suralcoolisation des jeunes, a martelé l'actuel ministre des Affaires étrangères.

De son côté, la préfecture de Gironde a ordonné le 3 mai la fermeture deux heures plus tôt des épiceries travaillant de nuit. Celles-ci doivent désormais baisser leurs stores au plus tard à minuit. Cette mesure est destinée à lutter contre les fraudeurs qui vendaient de l'alcool aux jeunes au-delà de l'horaire autorisé. Les patrouilles de police le long du fleuve ont en outre été intensifiées et l'installation de nouvelles barrières est envisagée.