Procès des "écoutes" Bettencourt : l'ex-majordome tente de se justifier

Bettencourt, AFP
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Ces enregistrements cristallisent l'attention des juges, qui essaient de comprendre pourquoi ils ont été réalisés, puis ensuite diffusés par la presse. 

L'affaire Bettencourt est de retour depuis ce mardi devant la justice, qui essaie de comprendre pourquoi des enregistrements clandestins de la milliardaire ont été réalisés, puis diffusés dans la presse. Pour l'ex-majordome de Liliane Bettencourt et les cinq journalistes jugés à Bordeaux, ces "écoutes" n'ont pas porté atteinte à sa vie privée mais au contraire fourni à la justice "la preuve d'un abus de faiblesse" à son encontre.

L'ex-majordome enregistre "pour prouver des abus de faiblesse". Pascal Bonnefoy, 52 ans, avait enregistré Liliane Bettencourt dans son bureau et à son insu, entre mai 2009 et mai 2010. Il encourt un an de prison et 45.000 euros d'amende. Mais il soutient les avoir réalisés d'abord pour se protéger des "agissements" de François-Marie Banier, confident de la vieille dame. Il évoque une "chasse aux sorcières" visant à éliminer, à l'époque, tous les proches - dont lui-même - d'André Bettencourt, le mari de la milliardaire décédé fin 2007. En 2010, Pascal Bonnefoy confie ses enregistrements à sa fille Françoise Bettencourt-Meyers, de sa propre initiative, insiste-t-il. Celle-ci les remettra ensuite aux enquêteurs pour prouver que sa mère, aujourd'hui âgée de 93 ans et sous tutelle, est abusée par certains proches.

Les journalistes diffusent l'enregistrement par "devoir d'information". Les cinq journalistes comparaissent, eux, pour avoir publié des extraits de ces enregistrements illégaux. Ils n'ont jamais révélé comment ils les avaient obtenus et invoquent invariablement le secret des sources. Mais ils réfutent en bloc toute volonté de "violation de la vie privée" de Mme Bettencourt et estiment avoir "fait (leur) travail de journalistes", dans "l'intérêt général" du public. Fabrice Lhomme, à l'époque à Mediapart et aujourd'hui au Monde, invoque à son tour "le devoir d'information des lecteurs et a priori sur des affaires très importantes", comme ce dossier devenu en quelques semaines une "affaire d'Etat". "Il y a quelque chose de kafkaïen dans ce procès" et "je ne comprends pas ce que l'on fait ici!", s'étonne Fabrice Arfi, qui enquêtait en tandem avec Fabrice Lhomme pour Mediapart.

Le procès doit s'achever jeudi.