Avalanche dans les Ecrins : la piste de l'imprudence s'éloigne

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Jean-Luc Boujon avec et AFP , modifié à
Au lendemain de l'avalanche qui a fait trois morts dans les Hautes-Alpes, deux guides autrichiens ont été interrogés en garde à vue jeudi, avant d'être remis en liberté.

La piste de l'imprudence s'éloigne. Un temps évoquée pour expliquer les causes de l'avalanche qui a emporté mercredi un groupe dans le massif des Écrins, la piste d'une imprudence des skieurs se dissipe après l'audition des deux guides autrichiens qui accompagnaient le groupe de neuf personnes. La coulée s'est déclenchée au dessus du village de Vallouise, situé dans les Hautes-Alpes, faisant trois morts, tandis qu'une quatrième personne est toujours hospitalisée. C'est le groupe de randonneurs qui a déclenché lui-même cette spectaculaire avalanche de 600 mètres de long et 80 mètres de large. Et selon les guides, entendus jeudi sous le régime de la garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "homicides involontaires", les conditions de sécurité ont toutes été respectées. Leur garde à vue a donc été levée jeudi soir.

Des guides qui avaient les compétences nécessaires. Durant plusieurs heures, les deux guides autrichiens ont pu s'expliquer dans le détail sur les conditions de sécurité de cette randonnée à ski. Ils ont notamment répondu aux questions sur le risque d'avalanche et les conditions météorologiques. "Assistés chacun par un avocat, ils ont pu indiquer aux enquêteurs dans le détail comment cette sortie avait été organisée et comment elle s'était déroulée", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République à Gap, Raphaël Balland. Des explications jugées convaincantes par les enquêteurs puisque leur garde à vue a été levée jeudi soir.

Le parquet a également révélé que les deux guides, âgés de 36 et 43 ans, étaient "titulaires du brevet d'Etat des guides de haute-montagne en Autriche" et "mandatés par le Club Alpin Autrichien pour encadrer" cette sortie dans le massif des Ecrins. En résumé, ils ont donc les compétences et le droit d'accompagner des groupes, y compris dans les montagnes françaises.

"Il ont fait ce qu'il fallait". La piste d'une imprudence avait d'abord été évoquée. Cette piste est donc désormais exclue. Une évolution de l'affaire qui va dans le sens des propos de Gilles Pierrard, guide de haute-montagne dans le secteur. Pour lui, malgré le vent, la neige et la météo clémente, ses collègues ont fait ce qu'il fallait. "La manière dont ils ont procédé, c'est-à-dire descendre en rappel la partie qui n'est pas skiable, on ne pouvait pas faire autrement. Ils ont donc fait ce qu'il fallait. Se regrouper à cet endroit là, pour chausser les skis, pour donner des consignes concernant la descente, c'est quelque chose qui parait tout à fait raisonnable. Moi, en tant que professionnel de la montagne, il y a des chances pour que j'aie fait exactement la même chose. Il ne me parait pas y avoir d'imprudence", réagit-il au micro d'Europe 1.

Dans un communiqué, le Syndicat National des Guides de Montagnes, basé à Chambéry, et l'Union Internationale des Guides de Montagne, basé en Suisse, ont exprimé leur "total soutien" aux deux guides qui "travaillent régulièrement pour le Club Alpin Autrichien pour des actions de développement envers les jeunes".

L'enquête se poursuit. Si le scénario du drame semble à peu près établi, les enquêteurs veulent déterminer les conditions dans lesquelles cette randonnée a été organisée, alors que le risque d'avalanche était "marqué" sur les massifs des Hautes-Alpes. Les investigations se poursuivront vendredi matin. Les auditions d'autres rescapés du groupe, qui dans un premier temps avaient été évacués à l'hôpital de Briançon pour un suivi médical et psychologique, et de témoins du drame sont prévues. "Aucune décision ne sera prise par le parquet tant que la totalité des investigations ne sera pas terminée, ce qui prendra plusieurs semaines", a souligné  le procureur de la République de Gap.

Ce que l'on sait. Pour l'heure, quelques détails ont été confirmés sur le déroulé des événements. Mercredi après-midi, le groupe de onze skieurs de nationalités autrichienne, italienne et allemande a été emporté par une plaque à vent déclenchée à leur passage, sous le col Emile Pic dans le parc des Ecrins, à plus de 3.000 mètres d'altitude. Cette sortie était "programmée par le Club Alpin Autrichien, dans le cadre d'une formation qui se déroule sur deux ans à destination d'un groupe de jeunes 'Elite'", a expliqué le procureur.

"Lorsque l'avalanche s'est déclenchée après 14 heures, il ne restait au groupe plus qu'une vingtaine de minutes pour parvenir au refuge des Ecrins où il devait passer la nuit", a-t-il précisé, ajoutant qu'"en l'état des investigations, les circonstances exactes du déclenchement de l'avalanche, et notamment le positionnement des victimes, ne sont pas encore totalement déterminés".

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