Aux assises, des SMS post mortem au cœur d'une affaire de jalousie

Les faits jugés ont eu lieu en 2014 en Haute-Savoie.
Les faits jugés ont eu lieu en 2014 en Haute-Savoie. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP
Les assises de Savoie jugent en appel le cas d'un mari condamné à 20 ans de réclusion pour avoir tué l'amant de sa femme et maquillé sa disparition pendant plusieurs jours.

Un mari jaloux au point d'assassiner l'amant et d'utiliser son portable pour envoyer de faux SMS à sa femme ? Condamné à 20 ans de réclusion en première instance, il comparaît en appel à partir de mardi devant les assises de la Savoie. José Manuel Marta Evangelista, 51 ans, qui travaille dans l'industrie du décolletage, nie avoir tué par balle Jean-Luc Thiebaut, un charpentier porté disparu le 8 juin 2014.

Mystérieuse disparition. Dans la maison de la victime, à La Tour, en Haute-Savoie, où ils débutent leurs investigations, les enquêteurs trouvent un calendrier bloqué au 27 mai, des plats cuisinés en train de moisir et une bouteille de vin brisée au sol. Mystère. Le 7 juin, un voisin avait aperçu une femme, Fabienne Evangelista, sortant du garage de la maison. Entendue, elle se dit sans nouvelles de l'artisan avec lequel elle avait une liaison et soupçonne son mari d'être impliqué dans sa disparition. Jaloux, il les surveillait et demandait à ses proches d'en faire autant.

La dernière trace de vie de Jean-Luc Thiebaut remonte au soir du 27 mai. Tandis qu'il était chez lui, au téléphone, quelqu'un avait sonné à la porte. Il avait promis à son interlocutrice, d'une voix "bizarre", qu'il la rappellerait. Ce qu'il n'a jamais fait. Les gendarmes font alors le lien avec la découverte, le 28 mai sur le parking d'une usine à La Tour, d'une tache de sang, de débris de verre et de deux ogives. Autre élément, le 29 mai, un véhicule avait été retrouvé à Vernier, en Suisse, à proximité du lieu de travail de José Evangelista, avec des traces de sang et une vitre brisée. Sans plaque d'immatriculation : après vérification, il s'avère que c'est la voiture du disparu.

SMS post mortem. Le puzzle commence à s'assembler. Manque encore une pièce : le corps du charpentier, découvert le 30 juin 2014 dans un trou, tué par arme à feu, à Saint-Jean-de-Tholomé, non loin du domicile des Evangelista. L'enquête révèle aussi que le téléphone de la victime, après le 27 mai, a continué à communiquer avec celui de Fabienne Evangelista. Elle reçoit alors plusieurs SMS, étranges, lui demandant parfois de choisir entre les deux hommes. Autre élément troublant : les téléphones des deux rivaux se déplaçaient de manière identique, jusqu'à l'arrestation de José Evangelista, le 10 juin. 

Face aux enquêteurs, l'accusé a clamé son innocence avant d'admettre, à une seule reprise, avoir "planté Jean-Luc Thiebaut accidentellement", puis de contester de nouveau toute responsabilité. En 2016, la cour d'assises de Haute-Savoie l'avait condamné à vingt ans de réclusion. Me Sylvain Cormier, son avocat, évoque un "écorché vif" dont le nouveau procès sera "très difficile". Il encourt la perpétuité.