Aubervilliers: les braqueurs étaient "pastillés"

Un troisième suspect âgé de 23 ans a été interpellé mercredi par la brigade de répression du banditisme (BRB) en Seine-Saint-Denis.
Un troisième suspect âgé de 23 ans a été interpellé mercredi par la brigade de répression du banditisme (BRB) en Seine-Saint-Denis. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Leur véhicule était équipé de balise de repérage mais cela n'a pas permis d'éviter la fusillade.

Ils étaient déjà sous surveillance depuis plusieurs jours. Les véhicules des braqueurs, qui ont attaqué un fourgon blindé lundi à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis blessant grièvement un convoyeur, étaient équipés de balises de géolocalisation posées par la police. Une "pastille" comme on dit dans le jargon policier.

Alors que les syndicats de convoyeurs déplorent un manque de réaction et de vigilance de la police, celle-ci rétorque qu'elle ne connaissait pas les intentions réelles des trois braqueurs qui ont déjà été interpellés.

Un 4x4 "pastillé"

Depuis la mi-mai, la brigade de recherches et d'intervention (BRI) avait repéré dans une cité de Seine-Saint-Denis un 4x4 BMW volé. "C'est un véhicule sensible car puissant et lourd qui peut être utilisé par des voyous soit comme voiture-bélier, soit comme Go Fast", raconte un commissaire à Libération. Le véhicule a donc été mis sous surveillance par l'intermédiaire d'une balise de géolocalisation et n'aurait bougé qu'à une seule reprise alors qu'il était stationné sur un parking d'Aubervilliers, selon l'enquête du quotidien.

La BRI avait également placé, quelques jours avant l'attaque, une balise sur une Peugeot 308 qui a été déplacée dans un box d'Aubervilliers.

La plaque d'immatriculation a changé

Avertis du mouvement de ces véhicules par une alarme très tôt lundi matin, les policiers de la BRI se sont immédiatement rendus sur les lieux. Au moment où ils arrivent sur place, les hommes de la BRI repèrent le véhicule mais la plaque d'immatriculation a changé et il n'y a qu'un seul homme à bord.

Les policiers l'ignorent encore mais un braquage est en cours. "La BRI s'éloigne un peu pour identifier l'immatriculation et vérifier la position de la géolocalisation du X5 banalisé", explique Christian Flaesch, le patron de la PJ à Libération. Soudainement, ils entendent des coups de feu. Un convoyeur est blessé grièvement à l'abdomen et les policiers appellent les secours. Depuis, l'homme a été opéré du foie et du rein mais mardi, il était toujours entre la vie et la mort. De leur côté, les malfaiteurs filent à bord du 4x4 avec deux sacs contenant environ 190.000 euros. La voiture est retrouvée incendiée peu après l'attaque.

Après le braquage, les policiers ont suivi, grâce à la géolocalisation, le parcours de la Peugeot 308, qui s'est arrêté à Saint-Denis. Un des membres présumés de l'équipe de braqueurs s'est alors approché de la voiture pour y mettre un sac à l'intérieur. Les policiers l'ont alors rapidement interpellé. Une partie du butin, près de 30.000 euros, a été retrouvé par les policiers lors de cette interpellation, et des armes dont "au moins une kalachnikov", ainsi que des gilets pare-balles ont été retrouvés dans la voiture

"Les lièvres"

La police se défend de toute négligence ou manque de réactivité  dans cette affaire. "Dans la lutte contre le grand banditisme, il est fréquent et tout à fait normal de s'intéresser aux voitures susceptibles d'être utilisées. En revanche, il est impossible de mettre un policier derrière chaque voiture 24 heures sur 24", a expliqué un haut responsable policier. "Si les interpellations ont été si rapides, c'est notamment grâce à ce système de surveillance", a-t-il ajouté.

Du côté des syndicats, on assure que la fusillade aurait pu être évitée. "On s'est servi des convoyeurs de fonds qui ont joué en fin de compte les lièvres, c'est carrément inadmissible", s'est indigné Jacky Gontier, en charge du transport de fonds chez FO, deuxième syndicat du secteur. "On veut bien que tout soit mis en œuvre pour coincer des malfrats, mais en aucun cas il n'est acceptable de mettre la vie d'un convoyeur en danger !"

"Attendre le flagrant délit pour opérer, ça me laisse pantois, il y a quand même aujourd'hui un homme qui est entre la vie et la mort", a renchéri Pascal Quiraoga, coordinateur national pour le transport de fonds à la FGTE-CFDT, premier syndicat du secteur.

Le 19 juin, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur recevra les organisations syndicales pour faire la lumière sur ce braquage.