Attentats à Paris : douze personnes placées en garde à vue

  • Copié
Pierre de Cossette et Guillaume Biet avec Chloé Pilorget-Rezzouk et M.-A.B. , modifié à
ENQUÊTE - Selon les informations d'Europe 1, douze personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de jeudi à vendredi dans le cadre de l'enquête sur les attentats. 

Coup de filet antiterroriste en région parisienne. Dans le cadre de l'enquête sur les attentats qui ont frappé la capitale la semaine dernière, une dizaine d'interpellations ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon les informations d'Europe 1, douze personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. Samedi matin, ces gardes à vue ont été prolongées samedi matin de 48 heures. 

Soupçonnés de soutien logistique. C'est ce que la justice appelle "la fourniture de moyens". Tous les suspects arrêtés vendredi matin, huit hommes et quatre femmes, sont soupçonnés d'avoir fourni de l'aide matérielle aux terroristes pour la préparation de leurs attaques, en particulier à Amedy Coulibaly. Il s'agit ainsi aussi bien des véhicules, notamment une moto, que des armes de guerre. On se souvient que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly étaient en possession d'un arsenal impressionnant. D'autres pistolets automatiques avaient également été saisis à Gentilly, chez Coulibaly, qui a tué une policière à Montrouge puis quatre juifs lors de la prise d'otages d'un commerce casher à Paris.

Des perquisitions de l'Essonne à la Seine-Saint-Denis. Des perquisitions ont ainsi été menées dans la nuit et la matinée, à la recherche d'éléments matériels qui prouveraient cette fourniture d'un soutien logistique aux terroristes. D'abord dans l'Essonne, à Fleury-Mérogis et à Grigny, où a grandi Amedy Coulibaly. Mais aussi à Montrouge, où la policière a été tuée, et à Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis.

>> LIRE AUSSI - Coulibaly et les frères Kouachi ont-ils acheté leurs armes en Belgique ? 

Des empreintes dans la voiture, un ADN sur une arme. La Renault Mégane à bord de laquelle Amédy Coulibaly s'est rendu à l'Hyper Casher du cour de Vincennes, et retrouvée peu après à proximité, intéresse particulièrement les enquêteurs. A l'intérieur, ils ont pu isoler les empreintes digitales de plusieurs hommes qui auraient acheté cette voiture d’occasion début janvier. Autre véhicule potentiellement fourni à Amédy Coulibaly, une moto Suzuki de grosse cylindrée. Les clefs de ce véhicule ont été retrouvées sur le terroriste, après l'assaut durant lequel il a été abattu. Mais si le deux-roues reste pour l'heure introuvable, la police judiciaire a cependant mis la main sur l'homme qui aurait fait l'acquisition de cette moto à l'automne dernier.  

Les enquêteurs ont exploité au maximum des traces retrouvées lors de leurs perquisitions. Ils ont ainsi mis en évidence un ADN retrouvé sur une arme, un pistolet saisi dans l'appartement qui servait de planque à Coulibaly, à Gentilly. L'homme qui possède cet ADN figure également parmi les interpellés.

Du caïd de banlieue au terroriste ? Ces suspects savaient-ils à quoi tous ces achats allaient être destinés et qu'ils se rendaient complices d'attentats en préparation ? La police et la justice, extrêmement prudentes sur ce point, parlent donc aujourd'hui uniquement de "fournisseurs de moyen" et pas de terroristes.

Ces interpellations sont plutôt celles de petits caïds de banlieue, connus "des services de police pour des faits de droit commun", a précisé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Certains sont originaires de Grigny, dans l'Essonne, comme Amedy Coulibaly. Désormais, les spécialistes soulignent la porosité évidente entre les milieux du banditisme des cités et celui des terroristes, qui parfois, comme c'est le cas de Coulibaly, basculent de l'un à l'autre.

>> LIRE AUSSI - Où en est l'enquête sur Amedy Coulibaly ?