Attentats : où en est l'enquête ?

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Les trois hommes ont été tués dans des assauts donnés par les forces de l'ordre. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait de leurs motivations.

Amedy Coulibaly, Chérif et Saïd Kouachi ont fait régner la terreur dans la région parisienne pendant près de trois jours. Les trois jeunes hommes ont été abattus lors des assauts simultanés porte de Vincennes et Dammartin-en-Goële. Après la tuerie de Charlie Hebdo perpétrée par les frères Kouachi mercredi, Amedy Coulibaly a tué une policière jeudi à Montrouge, dans la très proche banlieue parisienne. Cette attaque était "sychronisée" avec celle des frères Kouachi, a-t-il affirmé lors d'une conversation avec un journaliste de BFM TV. Mais appartenaient-ils à un réseau plus large ?

"On s'est juste synchronisés pour le départ : quand ils ont commencé Charlie Hebdo, moi, j'ai commencé les policiers", a déclaré Amedy Coulibaly lors d'un appel téléphonique à BFM TV. Vendredi soir, le procureur de Paris a annoncé la jonction des différentes enquêtes ouvertes depuis mercredi sur l'attaque de Charlie Hebdo, la fusillade de Montrouge ou encore les prises d'otages de Dammartin-en-Goële et Paris "compte tenu de l'entente qui semble avoir existé entre ces trois terroristes pour commettre leurs actions de manière coordonnée".

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Al Qaïda et l'Etat islamique. Les frères Kouachi ont revendiqué auprès de plusieurs témoins leur appartenance à Al-Qaïda au Yémen. Amedy Coulibaly, lui, a mentionné le nom de l'Etat islamique lors de sa prise d'otages à Vincennes. Etonnant, lorsque l'on sait que les deux organisations terroristes sont concurrentes.

Dimanche, une vidéo a émergé sur le web. Un homme, qui ressemble à Amedy Coulibaly, y revendique les attaques. Les images sont actuellement en cours d'authentification.

Les deux terroristes (1280x640)

© Anne GELBARD/AFP

Un arsenal impressionnant. La question d'une aide financière se pose au vu de l'arsenal qui a été retrouvé sur les trois hommes : un lance-roquette, deux kalachnikovs et deux pistolets automatiques ainsi qu'une grenade sur les frères Kouachi, ainsi que dix cocktails Molotov ; une kalachnikov, une quinzaine de bâtons d'explosifs et un détonateur pour Coulibaly. Cet arsenal semble en décalage avec la cavale presque improvisée des frères Kouachi et l'enchaînement un peu désordonné d'Amedy Coulibaly.

Lors d'une perquisition dans un logement que Coulibaly a occupé, les enquêteurs ont retrouvé des armes, des détonateurs et des papiers appartenant au suspect.

Les trois hommes étaient sans nul doute en contact. Pourtant, pas de doute, les trois hommes se connaissaient bien. Chérif, le plus jeune des frères, avait fait la connaissance d'Amedy Coulibaly en prison entre novembre 2005 et octobre 2006. Le tueur de Montrouge était emprisonné pour un braquage dans le même établissement que lui. Plus tard, en 2010, le nom de Chérif Kouachi a été cité à la marge du dossier sur la tentative d'évasion de l'islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, auteur de l'attentat du RER de la station du Quai d'Orsay. Chérif Kouachi a bénéficié d'un non-lieu, mais Amédy Coulibaly a lui été condamné dans le même dossier à cinq ans de prison. Il était sorti de prison il y a deux mois à peine.

Coulibaly Boumeddiene AFP

© AFP/POLICE FRANCAISE

Lors de sa conférence de presse, le procureur de Paris François Molins a affirmé que des liens "constants et soutenus" existaient également entre les trois hommes, au travers de leurs compagnes. L'épouse de Chérif Kouachi et Hayat Boumeddiene, compagne d'Amedy Coulibaly, se sont téléphonées plus de 500 fois en une année. Un chiffre qui est selon le haut magistrat "de nature à établir des liens constants et soutenus entre les deux couples".

Où est Hayat Boumeddiene ? Les recherches se concentrent désormais sur Hayat Boumeddiene, toujours en fuite. Selon Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, la jeune femme de 26 ans est "soupçonnée d'avoir accompagné" le tueur de Montrouge "dans la préparation d'actes terroristes, si elle était avec lui à ce moment-là".

D'importants travaux d'analyse de téléphonie, de pièces saisies lors de perquisitions, d'éventuels flux financiers sont en cours. Vendredi soir, cinq personnes, dont l'épouse de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, restaient en garde à vue, selon François Molins, le procureur de Paris. Au total, seize personnes ont été placées en garde à vue.

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