Attentats de Paris : quel avocat défendra Salah Abdeslam en France ?

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Noémie Schulz et C.P.-R.
Si le seul survivant des attaques du 13 novembre dispose déjà d'un conseil belge, il est probable qu'il prenne un nouvel avocat après son transfert en France.

On ne connaît toujours pas la date exacte de son transfert en France. Mais l'unique survivant du commando des attentats du 13 novembre devrait quitter sa prison ultra-sécurisée de Bruges, en Belgique, pour Paris, dans les jours qui viennent. Avec une question à la clef : qui pour le défendre ? 

En Belgique, la défense de Salah Abdeslam est déjà assurée par Sven Mary. En théorie, d'après la loi française, son avocat belge peut également le représenter en France. Mais, dans la pratique, Sven Mary a plus intérêt à faire désigner quelqu'un qui maîtrise sur le bout des doigts la procédure pénale française. Alors, parmi les pénalistes de l'Hexagone qui est prêt à le prendre pour client ?

Ceux qui refusent. Deux camps se distinguent clairement. D'abord ceux qui se montrent franchement réticents. Ils ne fondent pas ce refus sur des raisons idéologiques : toute personne a le droit d'être défendue, disent-ils à Europe 1. Mais, ce qui les retient, c'est la crainte d'être pointés du doigt par l'opinion publique, de perdre des clients, voire de recevoir des menaces de mort. Après avoir annoncé qu'il devenait le conseil de Salah Abdeslam, Sven Mary aurait été agressé physiquement et a reçu des centaines de mails de menaces. 

Ceux qui acceptent. Et puis, il y a les avocats qui diraient "oui" sans ciller, pour qui il est impossible de refuser un tel client. Parmi ceux qui accepteraient de représenter Salah Abdeslam, certains comme William Bourdon, posent toutefois une condition préalable à leur choix : l'attitude du terroriste présumé. "S'il me dit : 'je vais dire aux jurés que je suis très fier de ce que j'ai fait', s'il est dans une revendication fanatique, je ne le défends pas. Mais, s'il est dans une démarche où il tente d'essayer de comprendre ce qui s'est passé, quelle est cette espèce de bascule atroce qui l'a amené à commettre l'infamie, oui, je pense que je pourrais l'accompagner", développe le pénaliste.  

Un commis d'office ? Enfin, Salah Abdeslam peut aussi faire le choix de demander un avocat commis d'office. Comme il est d'usage, ce serait alors un jeune pénaliste, l'un des secrétaires de la Conférence des avocats du barreau de Paris, qui serait nommé. Cette association réunit chaque année, douze pénalistes élus par leurs pairs à l'issue d'un concours d'éloquence. Celui-ci ne pourrait alors refuser de le défendre. A moins, d'après les explications d'un spécialiste à Europe 1, qu'il ait vraiment des raisons exceptionnelles. Comme, par exemple, celle d'avoir perdu un proche le soir des attentats.