Hyper Cacher : "la vie sera toujours plus forte"

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Matthieu Bock avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
Deux mois après la sanglante prise d’otages d’Amedy Coulibaly, l’épicerie a rouvert ses portes dimanche. Avec pour premier client, Bernard Cazeneuve.  

L'info. L’épicerie, théâtre de la meurtrière prise d'otages lors des attentats parisiens, est enfin prête à rouvrir ses portes. Europe 1 s’est rendu sur les lieux quelques heures avant la réouverture, à 9 heures, en présence du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. 

Et pour ce nouveau départ, tout a été changé. La devanture sombre du magasin a été repeinte et est désormais d’un vert très pale. A l’intérieur du magasin, tous les rayons ont ainsi été repensés, les sols et les murs totalement repeints. Il a subi de nombreuses transformations pour le rendre "plus chaleureux", selon Laurent Mimoun, l'un des dirigeants de la chaîne qui compte onze magasins. 

La vie, "plus forte que la barbarie". Ces derniers ne voulaient pas faire de l'Hyper Cacher "un musée" ont-ils expliqué à Europe 1. Ils ne voulaient plus voir les impacts de balles au mur, même si le monte-charge et le frigo au sous-sol, dans lequel se sont cachés les otages, sont toujours là. "Avec cette réouverture, nous tenons à réaffirmer que la vie sera toujours plus forte que la barbarie. Nous restons plus que jamais déterminés à permettre à nos clients de continuer à consommer cacher", a déclaré la direction de l'enseigne dans un communiqué. Le nom de la supérette a été conservé, même si c'est seulement samedi que deux banderoles où est inscrit "Hyper Cacher" ont été accrochées. 

Travailler ici, un acte militant. Dans l'épicerie, une nouvelle équipe s’affaire pour terminer d’installer les produits, jeter les cartons et nettoyer les sols. Tout cela sous bonne garde policière et non loin des fleurs déposées sur le trottoir en hommage aux quatre victimes juives de la prise d'otages. Parmi ces nouveaux employés, Céline qui attend impatiemment de commencer son travail : "Moi ça ne me fait pas peur de travailler ici", déclare la jeune femme, déterminée. "En tout cas, on est là pour sauver notre peuple. On n'a peur de rien, on est là pour aider et travailler au maximum." 

Deux bouteilles de vin pour Bernard Cazeneuve. L’ouverture officielle a eu lieu à 9 heures. Le ministre de l'Intérieur s'était rendu sur place. "On voit la configuration" des lieux, "on voit toute la difficulté qu'il y avait à intervenir", "à quel point c'était difficile et risqué", a déclaré Bernard Cazeneuve, à l'intérieur du magasin, où il a notamment visité la chambre froide où avaient pu se cacher plusieurs personnes, dont un bébé, durant la prise d'otages. Premier "client" de l'enseigne depuis sa réouverture, il a symboliquement acheté deux bouteilles de vin. Un achat pour lequel sa carte bancaire lui a d'ailleurs joué un petit tour, refusant de fonctionner à plusieurs reprises. 

Entretenir "le devoir de mémoire". Enfin, le ministre de l'Intérieur a souligné le sens de sa visite : "Il faut rester dans le devoir de mémoire. [...] Il est important, à tout moment, de rester dans le respect de la mémoire de ceux qui sont tombés sous le feu barbare des terroristes", a-t-il déclaré, saluant cette réouverture "courageuse", qui a "la volonté d'envoyer le signal que la vie est plus forte".  

En revanche, aucun ancien employé n'était présent. En effet, tous sont encore traumatisés et sous arrêt maladie longue durée depuis la prise d’otages du 9 janvier, deux jours après l’attentat des frères Chérif et Saïd Kouachi au siège de Charlie Hebdo. Aucun ne reviendra travailler ici, pas même Lassana Bathily, le Malien et héros de la prise d'otages, naturalisé Français depuis. 

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