Attentat évité : Sid Ahmed Ghlam piloté depuis la Syrie ?

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LE POINT SUR L'ENQUÊTE - Sid Ahmed Ghlam a récupéré son arsenal dans le coffre d'une voiture stationnée en banlieue parisienne, sur les indications d'un contact basé en Syrie. Sa garde à vue a été prolongée.

Un attentat "imminent" a été "évité" en France. L'arrestation fortuite de Sid Ahmed Ghlam dimanche, dans le 13e arrondissement de Paris, a permis d'établir que cet étudiant algérien de 23 ans projetait de commettre un attentat visant des églises en Ile-de-France. L'homme aurait néanmoins fait une victime : il est impliqué dans le meurtre d'Aurélie Châtelain, une jolie brune de 32 ans, mère de famille et prof de fitness, retrouvée morte par balle dans sa voiture en feu dimanche matin, à Villejuif, dans le Val-de-Marne. Où en est l'enquête jeudi ? Europe 1 fait le point.

Un blessé par balle, un arsenal et un plan d'action. C'est une arrestation fortuite, liée à un geste maladroit du suspect, qui a évité à la capitale de connaître une seconde attaque terroriste en 2015, après les événements de janvier. Dimanche matin, Sid Ahmed Ghlam, connu des services de renseignements pour ses velléités djihadistes, s'est blessé par balle à la jambe. Il a lui-même appelé les secours en prétendant avoir été agressé. Mais dans sa voiture, les policiers, également dépêchés sur place, découvrent un petit arsenal qui aurait pu faire beaucoup de dégâts : une Kalachnikov, un pistolet 9mm, des munitions ainsi qu'un gyrophare et trois téléphones. Mais surtout, ils tombent sur un plan d'action : une liste de cibles potentielles d'une attaque terroriste. L'homme a été placé en garde à vue. celle-ci a été prolongée de 24 heures, jeudi après-midi.

Chez lui, le dessein d'une "attaque imminente", comme le présente le ministre de l'Intérieur,  prend encore plus de relief.  Les enquêteurs découvrent une liste de commissariats, avec ce qui s'apparente à une évaluation du temps d'intervention des policiers selon chaque endroit visé. D'autres armes sont également retrouvées : trois autres Kalachnikov, des armes de poing, des munitions, des gilets pare-balles, un brassard de police et 2.000 euros en liquide. Des documents en langue arabe traitant d'Al-Qaïda et de l'organisation Etat islamique viennent compléter le "tableau".

Un contact syrien aux commandes.  Les enquêteurs savent désormais, après analyse du matériel informatique saisi à son domicile, que Sid Ahmed Ghlam était en contact avec une personne "pouvant se trouver en Syrie", selon le procureur de Paris, François Molins. Avec ce mystérieux contact syrien, l'étudiant aurait échangé sur son plan d'action en vue de commettre un attentat. Et c'est depuis la Syrie que cet homme lui aurait demandé "explicitement de cibler particulièrement une église", selon le magistrat.  Ce serait également ce contact, qui selon le Parisien, lui aurait indiqué, via  SMS, où récupérer ses armes et son matériel. Selon les informations du quotidien, dont Europe 1 a obtenu la confirmation, c'est ainsi que Sid Ahmed Ghlam a récupéré son arsenal la semaine dernière dans le coffre d'une Renault Mégane garée à Aulnay-sous-Bois. 

Une victime : Aurélie Châtelain.  Pendant leurs investigations, les hommes de la Crim' ont fait une découverte troublante : l'ADN de l'étudiant a été retrouvé dans la voiture d'Aurélie Châtelain, dont le meurtre mystérieux avait été l'une des informations marquantes du week-end dernier. Cette prof de fitness du Nord, arrivée samedi en banlieue parisienne pour suivre un stage de formation professionnelle de Pilates, avait été retrouvée dimanche matin, tuée par balle dans sa voiture en feu, à Villejuif. Du sang de la jeune femme a également été relevé sur la parka de Sid Ahmed Ghlam et l'exploitation des données du GPS et de l'ordinateur du suspect a permis de confirmer sa présence à Villejuif dans le créneau horaire de la mort d'Aurélie Châtelain. Enfin, l'expertise balistique prouve que la balle ayant tué la victime provient de l'une des armes du suspect. La trentenaire a-t-elle été un obstacle au projet du terroriste présumé ? Une église de Villejuif figurait dans la liste des cibles de Sid Ahmed Ghlam.

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Une proche de Sid Ahmed Ghlam interpellée à Saint-Dizier. Lundi, d'autres perquisitions ont eu lieu dans le cadre de l'enquête. Cette fois-ci à Saint-Dizier, en Haute-Marne. Sid Ahmed Ghlam venait régulièrement y passer des week-ends en famille. Mercredi matin, les policiers de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) ont bouclé le quartier, ouvert la porte du garage d'un petit pavillon à l'aide d'explosifs ou de coups de feu, et arrêté une femme habillée d'une burqa. Cette dernière a été placée en garde à vue vers 6 heures du matin. Âgée de 25 ans et convertie à l'islam depuis un peu plus de deux ans, elle serait une proche du jeune homme. Selon des voisins, cette mère de famille originaire de Brest louait ce pavillon, aux volets toujours fermés, depuis six à sept mois avec deux garçons en bas âge.

C'est à la mosquée du quartier qu'elle aurait fait la connaissance de l'une des sœurs de Sid Ahmed Ghlam. La sœur de la jeune femme a affirmé auprès d'Europe 1 qu'elle n'était pas en couple avec le suspect. Mais était-elle au courant des projets terroristes du jeune Algérien ? Pour l'instant, la jeune mère de famille se montre peu coopérative avec les enquêteurs et nie appartenir à un islam radical. Chez elle, ils ont pourtant retrouvé des clefs de chiffrement, des documents expliquant comment coder des messages. On ne sait pas si elle s'en est servi, mais cela rend son implication possible.

Un ou plusieurs complices ? Outre cette femme et le contact syrien, les enquêteurs cherchent désormais à déterminer si Sid Ahmed Ghlam avait des complices, comme le laisse entendre le matériel retrouvé chez lui. Tout y a en effet été retrouvé en nombre : quatre Kalachnikov et autant de gilets pare-balles. Pour quatre terroristes ? C'est désormais ce que les hommes de la Crim' et de la DGSI vont rapidement chercher à déterminer.

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