Attentat en Isère : pour Hortefeux, "on a changé de dimension"

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L’ancien ministre de l’Interieur est revenu samedi matin au micro d’Europe  1 sur l’attentat survenu vendredi à Saint-Quentin-Fallavier.
INTERVIEW

Brice Hortefeux, député européen des Républicains et ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, est revenu samedi matin, au micro d'Europe 1, sur l'attentat qui s'est produit la veille à Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère, près de Lyon. "Nous sommes tous très émus et choqués, c'est un sentiment partagé. Mais le temps de l'émotion ne doit pas imposer le silence sur les leçons", a-t-il insisté, avant d’identifier trois pistes pour mieux lutter contre le terrorisme et la radicalisation violente en France.  

"Etre plus vigilant aux messages de Daesh". "Premier élément, nous devons être encore plus vigilants sur les messages qui nous sont adressés de la part de Daesh", estime Brice Hortefeux, rappelant que "dans le magazine officiel de Daesh, il était écrit en gros titre ‘qu’Allah maudisse la France’". Pour l’ancien ministre, "la France est une cible, nous sommes une cible par les valeurs que nous portons" et il ne faut surtout pas minorer cet état de fait sans pour autant tomber dans la "généralisation". "Ces fanatiques sont viscéralement hostiles à la démocratie. Et c’est valable en France comme en Tunisie", note-t-il.

"Nous avons changé de dimension". Membre de l’opposition, Brice Hortefeux s’est cependant refusé à une critique des services de renseignements. A la question de savoir s’il y avait eu une faille dans la surveillance de Yassin Salhi, le lieutenant de Nicolas Sarkozy répond : "la réalité, c’est que les renseignements ont parfaitement conscience que nous avons changée de dimension". "Il a été suivi. Il était connu. Donc les services de renseignements identifient", souligne-t-il. "Aujourd’hui, 1.700 Français et résidents en France sont impliqués dans le djihadisme. De deux ou trois dizaines d’actifs il y a quelques années, nous sommes passés à plusieurs centaines. Et je rappelle que 20% des djihadistes qui sont suivis sont en réalité des convertis. Cela n’a plus rien à voir avec ce que nous avions connu en Bosnie, en Irak, ou en Afghanistan", rappelle-t-il.

La radicalisation en prison et le PNR prioritaires. Pour Brice Hortefeux, "il y a deux initiatives à prendre" aujourd’hui dans la lutte contre ce phénomène. "il faut d’abord impérativement veiller comme le lait sur le feu à la radicalisation en prison", note-t-il. "Ensuite, il faut renforcer et encourager la détection précoce. Cela signifie qu’il faut impliquer les familles, les éducateurs et les collectivités locales qui ont généralement beaucoup d’éléments", précise-t-il.

Enfin, l’ex-ministre de l’Intérieur insiste sur la nécessité de la mise en place d’un PNR (Passenger Name Record) européen : un fichier recueillant les informations fournies par les passagers aériens au moment des procédures de réservation et d’enregistrement, très utile quant il s’agit d’empêcher certains départ vers le djihad. "Il faut avancer très vite sur le PNR européen. Aujourd’hui, 60 à 70% de ceux qui veulent partir combattre, notamment en Syrie, sont identifiés par les services de renseignements. Cela veut dire qu’il reste 30 à 40 %. On a des éléments sur la durée de séjour, le poids des bagages, les données musicales, les pratiques alimentaires… " Enfin, Brice Hortefeux insiste sur la nécessité d’être "très vigilant sur la progression du salafisme" et de "réformer l’espace de Shengen".