Attentat déjoué : les premiers éléments de l'enquête

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Alain Acco et Louis Hausalter avec AFP , modifié à
Quatre personnes ont été interpellées lundi et trois sont toujours en garde à vue. Ces hommes projetaient un attentat contre une base militaire.

Trois hommes étaient toujours en garde à vue, jeudi, au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DSGI), à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. "Ils projetaient de commettre un attentat contre des installations militaires françaises", a indiqué mercredi soir le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Que sait-on de cette affaire ?

• Combien de suspects sont impliqués ?

Quatre individus ont été interpellés lundi "en quatre points différents du territoire", selon Bernard Cazeneuve, et placés en garde à vue. Selon les informations d'Europe 1, le plus jeune d'entre eux, âgé de" 16 ans, a toutefois été remis en liberté mercredi soir, car il avait été écarté du projet d'attentat. Trois hommes, âgés de 17, 19 et 23 ans, étaient donc toujours entendus jeudi par la DGSI. Leur garde à vue peut légalement se prolonger jusqu'à vendredi.

• Quel est le profil des personnes arrêtées ?

Les suspects sont jeunes : ils sont âgés de 17 à 23 ans. Le plus âgé est un ancien militaire, réformé de la Marine nationale pour raisons de santé, après plusieurs mois d'arrêt maladie. Son contrat avec l'armée s'est achevé le 21 janvier 2014. Selon une source proche du dossier, le jeune homme a pu "nourrir une rancune personnelle contre le chef de détachement".

Celui qui est présenté comme le principal instigateur du projet n'est même pas majeur, puisqu'il n'a que 17 ans. Il s'était fait remarquer l'an dernier pour son activisme sur les réseaux sociaux et pour ses liens avec un djihadiste français parti en Syrie. Lui-même avait envisagé de s'y rendre, ce qui avait été signalé aux autorités par un membre proche de sa famille, via le numéro vert mis en place par le ministère de l'Intérieur. L'adolescent avait ainsi été entendu par la DGSI en octobre 2014 lors d'un entretien administratif.

Arrêtés dans le Nord, les Yvelines et à Marseille, selon la source, les trois hommes sont entrés en contact par Internet, via des applications cryptées. Un billet de train retrouvé chez l'un d'eux accrédite l'hypothèse selon laquelle ils comptaient se rencontrer rapidement. Selon une source proche du dossier, les trois hommes se réclament de l'organisation de l'Etat islamique et revendiquent leur engagement djihadiste. Incités par le plus jeune du groupe, les trois hommes souhaitaient d'ailleurs se rendre en Syrie. Se sachant surveillés, ils auraient dès lors renoncé à se rendre sur les terres de l'Etat islamique. Un djihadiste avec qui ils étaient en contact dans ce pays leur aurait alors conseillé de passer à l'action en France.

• Quelle était leur cible ?

Grâce à leurs déclarations en garde à vue, les enquêteurs ont appris de manière assez précise ce que les suspects projetaient. Ils projetaient d'attaquer le Fort Béar, un camp militaire qui abrite le centre national d'entraînement commando, tout près de Collioure, dans les Pyrénées-Orientales. Là-bas, ils envisageaient de tuer des militaires en poste et d'enlever un gradé pour le décapiter, avant de diffuser la scène sur Internet. C'est le plus âgé, l'ancien militaire, qui a suggéré l'idée de s'attaquer à ce site militaire qu'il connaissait.

• Pour quand était prévu l'attentat ?

Le projet était prévu pour fin décembre, peut-être le 31 décembre ou début janvier 2016. Pourquoi cette date ? Pas forcément pour marquer l'anniversaire de l'attaque contre Charlie Hebdo, mais parce que selon les suspects, les bases militaires sont plus vulnérables à cette période de l'année : il y a moins de monde et elles sont moins surveillées.

L'attentat n'était donc pas imminent, mais le parquet de Paris avait ouvert le 23 juin une enquête préliminaire "pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme". La DGSI, qui surveillait ces individus depuis quelques semaines, a donc décidé de les interpeller lundi par précaution. Aucune arme ni explosifs n'ont été retrouvés durant les perquisitions. Mais, selon une source proche du dossier, ils auraient exprimé le souhait de se procurer des armes de poing. Des documents sur des explosifs ont été découverts chez l'un d'eux, selon la source proche du dossier.

>> L'avis de Philippe Hayez, ancien directeur adjoint du renseignement à la DGSE :