Assises : "ils battaient souvent Marina"

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Assiya Hamza avec AFP , modifié à
Le frère aîné de la fillette, morte en 2009, a raconté qu'elle était la seule battue dans la fratrie.

"C'est toujours elle qui était battue mais elle avait vraiment rien fait de mal". Du haut de ses treize ans, le frère aîné de Marina, rebaptisé Aurélien pour préserver son anonymat, a livré mercredi un témoignage troublant de lucidité devant la cour d'assises de la Sarthe qui jugent ses parents pour la mort de la fillette en 2009.

Aurélien est né d'une première union de Virginie Darras. Un peu hésitant, le jeune garçon raconte par visioconférence, le calvaire de sa petite soeur, morte sous les coups de ses parents. Dans la salle d'audience, sa mère regarde ses pieds. Son ex-compagnon, beau-père d'Aurélien, lui, fixe l'écran sur lequel apparaît le visage de l'adolescent.

"Nous on n'était jamais battus"

"Mon beau-père et ma mère ils battaient souvent Marina. Nous on n'était jamais battus", lance le jeune garçon.

A l'école, Aurélien explique à la demande de ses parents les absences de Marina par des chutes, des maladies. Tout "pour pas dire que Marina était battue". Parfois, pendant les repas, "Marina était dans sa chambre ou souvent au coin". Elle pouvait y rester "une après-midi", "sans bouger". "Je savais pas si c'était normal ou quoi, elle était toute nue des fois", raconte-t-il.

"Des fois elle devait manger des restes, ou ce qu'elle vomissait", se souvient-il. "Des fois Marina dormait dans le sous-sol", ajoute-t-il. Aurélien précise que les douches et les bains froids "ça arrivait souvent". Mais les punitions ne s'arrêtaient pas là. Marina recevait "des claques, des coups de pieds, des coups de ceinture, des coups de poing. Elle avait du scotch sur elle quand elle était au coin, sur ses mains et aussi une fois sur sa bouche parce qu'elle pleurait". Les sanglots de Marina n'arrangeaient pas les choses. "Elle se faisait taper plus, encore plus", insiste Aurélien.

"Ils lui mettaient la tête dans l'eau"

Le président de la cour d'assises demande alors à l'adolescent d'où provenaient les traces de strangulation repérées sur Marina par des enseignants. "Dans le bain, ils la prenaient par le cou et lui mettaient la tête dans l'eau", explique le frère aîné de la fillette. "Elle devait boire du vinaigre, du sel, elle devait manger les restes avec beaucoup de sel". Qui donnait ça ? "Ma mère". Le vinaigre "dans un verre, plein". Et, si la petite fille ne buvait pas tout le verre, "elle se faisait taper".

Puis, vint l'épisode de la fausse disparition de Marina, après sa mort dans la nuit du 6 au 7 août 2009. "On m'a dit qu'elle était chez une copine, chez un collègue de travail de mon père et qu'elle s'était fait enlever en rentrant", se souvient Aurélien. "Moi je savais pas que c'était pas vrai". "Après au foyer je l'ai su. Que Marina elle avait été tuée par mon beau-père et par ma mère. J'étais triste".

"Elle avait vraiment rien fait de mal"

Aujourd'hui, "je suis en colère. C'est toujours elle qui était battue mais elle avait vraiment rien fait de mal", explique le garçon, en précisant avoir l'impression "qu'on s'est servi de (lui)".

A la fin de son témoignage, Aurélien s'est adressé, indirectement, à ses parents. Il a confié ne pas pouvoir leur pardonner. "Il y aura toujours l'obstacle de Marina entre moi et eux".